Captain America: Civil War

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Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l’humanité. A la suite d’une de leurs interventions qui a causé d’importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision. Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l’équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s’engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d’autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement...

CAPTAIN FEIGE

La force et la faiblesse de l'univers cinématographique Marvel réside dans son parti-pris principal : le véritable auteur des films Marvel, c'est Kevin Feige. Dans les meilleurs cas, le producteur choisit des cinéastes qui apportent, si ce n'est leur personnalité, une identité propre à chaque film, mais sinon, l'univers cinématographique Marvel, c'est surtout une gigantesque série télé sur grand écran. Les "phases" sont des saisons et les crossovers composent des mid-season finales qui bouleversent le statu quo. À ce titre, Captain America : Civil War est sans doute le point d'orgue de cette approche. Au fur et à mesure que les acteurs des différentes franchises Marvel étaient annoncés au casting, on prenait le soin de nous rassurer qu'il s'agissait bien d'un Captain America et non d'un Avengers 2.5 mais le résultat révèle qu'il en est autrement. Et ce n'est pas forcément un mal, d'ailleurs. Au contraire, le souci, c'est justement quand le récit essaie de raccrocher le wagon à Captain America : The Winter Solider, dont il est effectivement la suite. En somme, Civil War est l'aboutissement de ce que Feige a entrepris il y a maintenant huit ans.

THE WAR AT HOME

De tous les films de l'écurie, il s'agit sans doute de celui où l'incursion des divers protagonistes de l'univers se fait de la manière la plus naturelle. Chacun trouve sa place et l'intrigue naît organiquement des conséquences du final d'Avengers : Age of Ultron en Sokovie. Pour schématiser, c'est un film qui commence effectivement comme une adaptation (libre) de l'event Civil War des comics, sur les dommages collatéraux des combats homériques et les comptes à rendre des super-héros, mais qui abandonne globalement l'aspect géopolitique en cours de route, rendant ses questionnements idéologiques plus diffus par la suite, comme une simple toile de fond à une trame plus intime. Sur le papier, le choix de prendre le personnage de Bucky/le Soldat de l'hiver, ignoré dans Age of Ultron, comme McGuffin est non seulement compréhensible, il est même intelligent. Il apporte une dimension personnelle pour ancrer l'affrontement entre les deux camps. À ce niveau, la démarche porte ses fruits. Le problème, outre le fait que le spectateur n'est pas aussi attaché à Bucky que l'est Rogers, c'est que l'opposition entre les deux camps n'est pas due exclusivement à une question idéologique mais à un malentendu et on peine à croire que les deux camps puissent à ce point oublier de se parler et donc de clarifier la situation, évidente pour le public, et même déjà comprise par le camp de Bucky mais que Stark met les deux tiers du film à comprendre. C'est un détail mais tout le film repose dessus et, par conséquent, la justification paraît un peu ténue.

#TEAMTOUTLEMONDE

Cependant, bien qu'il paraisse fondamental, il s'agit peut-être du seul réel problème du film dont la mécanique demeure remarquablement cohérente. Dans la première heure, l'écriture prend, un peu laborieusement, le temps, de bien poser ses bases. Elle opère même un meilleur travail de caractérisation sur Stark que sur Rogers, alors qu'il s'agit de son film. De même, l'intégration des nouveaux personnages s'avère parfaite car elle participe à une cohérence thématique globale. Les motivations de T'Challa/Black Panther (Chadwick Boseman, royal) ou celles de Zemo (Daniel Bruhl, moins épatant) sont intimement liées à Bucky et à la Sokovie et trouvent une triple résonance lors de révélations sur la fin qui est fort bien construite. Même l'inclusion de Peter Parker/Spider-Man (Tom Holland, très prometteur), ajout davantage dans le fan service et aisément tronquable, est suffisamment bien écrite, dans l'humour, dans l'action mais aussi dans le propos, pour convaincre. Au lieu de re-raconter son origin story, Parker transmet une version du speech "With great powers comes great responsability" à Stark. Belle idée. Le film fait même la part belle à certains personnages secondaires, comme Vision et Wanda, qui a son petit arc, et les autres (Falcon, Hawkeye, Black Widow, War Machine) sont là juste ce qu'il faut, en soutien musclé ou en comic relief. D'ailleurs, le film parvient à gérer les tons assez habilement et ce malgré un nombre de blagues plus élevé que dans The Winter Soldier (même Ant-Man parvient à ne pas paraître redondant au sein d'une scène où le quota vannes est déjà assuré par Spider-Man, plus fidèle que jamais à la BD). Ça reste un Marvel après tout.

SPLASH PAGE

D'ailleurs, si le précédent Russo avait une couleur de thriller d'espionnage politique, Civil War ne s'inscrit pas vraiment dans un genre particulier. Il perd donc quelque peu en personnalité. Néanmoins, on retrouve le talent du duo, aidé de leur réalisateur de seconde équipe Spiro Razatos, pour l'action. Ça commence dans la lignée de The Winter Soldier, avec quelques combats et acrobaties bien brutaux, notamment une combat un peu confus dans une cage d'escalier qui se transforme en course-poursuite haletante, et ça s'oriente peu à peu vers le super-héroïsme, avec ce morceau de bravoure de l'aéroport. Malgré quelques effets spéciaux "pas finis", les Russo font attention à garder l'action relativement terre-à-terre dans la mise en scène tout en respectant le gigantisme requis. Ils redoublent d'idées dans les associations ou les oppositions de personnages ainsi que dans l'utilisation de leurs pouvoirs. Pas besoin de ralentis pour rappeler les double pages épiques des comic books. Ce set-piece inventif confirme qu'il est plus engageant de voir nos héros impliqués dans un combat qui ne les oppose pas une énième fois à une armée de soldats (robots ou aliens) identiques, comme dans la moitié des Marvel. Ainsi, dans l'intrigue, ambitieuse, comme dans l'action, généreuse, et ce jusque dans le combat final, qui tient là aussi d'un retournement un peu poussif dans son mobile tardif, Captain America : Civil War réussit à être incarné. À chaque instant. C'est tout ça qui permet de transcender quelque peu les défauts du film, un meilleur Avengers qu'Age of Ultron (la gestion des persos, la mise à mal de l'équipe) mais un moins bon Captain America que The Winter Soldier (dans le traitement de son fond politique et de son intrigue Bucky).

par Robert Hospyan

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