Candidat (Le)
France, 2007
De Niels Arestrup
Scénario : Niels Arestrup
Avec : Niels Arestrup, Yvan Attal, Maurice Bénichou, Guillaume Gallienne, Thierry Hancisse, Stefania Rocca, Clotile de Bayser
Photo : Romain Winding
Durée : 1h35
Sortie : 11/04/2007
Entre les deux tours de la présidentielle, un candidat prépare le débat télévisé qui va l’opposer à son adversaire.
CANDIDE-AT
Il est étonnant de voir combien un synopsis peut être révélateur des parti-pris d’un film. Celui du Candidat évoque l’élection présidentielle "d’un pays d’Europe de l’ouest". Autrement dit, la France n’est même pas nommée. On savait notre cinéma frileux à parler de politique, à aborder de front des sujets ayant trait aux hommes de pouvoir… mais cette phrase, toute symbolique qu’elle soit, résume complètement l’état d’esprit qui plombe le premier film de Niels Arestrup. Yvan Attal campe Michel Dedieu, le candidat à l’élection suprême d’un grand parti. Le prétendant naturel ayant été empêché pour raisons de santé, Dedieu est parachuté pour le remplacer et l’homme, d’abord manipulé de toutes parts, finit par se rebiffer contre son entourage qui cherche à canaliser son image. En ces temps de politique-spectacle et de triomphe de l’apparence, le sujet était captivant à disséquer. Malheureusement, Arestrup détache son film de toute attache concrète. Son synopsis cesse de se frotter à la réalité pour devenir une réflexion générale et évasive sur l’engagement et la responsabilité, porté par un Yvan Attal certes bon, mais dont le personnage, sorte de candide illustratif, ne parvient jamais à devenir crédible. En retranchant ses personnages dans une grande propriété, loin des bruits des médias, le réalisateur livre quelques scènes très inspirées, éthérées, au-delà du réel. Mais sur la longueur, ce choix rend le film désincarné, comme si les réalisateurs français n’arrivaient toujours pas à donner corps à des personnages de cinéma inspirés de leur propre actualité. Le dernier acte du Candidat, légèrement plus tendu, tente une approche à la Bulworth mais, dans son échec, révèle tout le potentiel gâché du projet.