Le Cancre

Le Cancre
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Cancre (Le)
France, 2016
De Paul Vecchiali
Avec : Pascal Cervo, Annie Cordy, Catherine Deneuve, Édith Scob
Durée : 1h56
Sortie : 05/10/2016
Note FilmDeCulte : ***---
  • Le Cancre
  • Le Cancre
  • Le Cancre

Un père et son fils vivent des moments conflictuels parce qu’ils sont l’un et l’autre trop émotifs. Le fils, Laurent, cherche sa voie, ayant vécu son enfance et son adolescence dans la paresse. Il comprendra trop tard l’affection qui le liait à son père. Ce dernier, Rodolphe, autour duquel gravitent les femmes de sa vie, n’a qu’une obsession : retrouver son grand amour de jeunesse, Marguerite.

TOUTES LES FEMMES DE TA VIE

A 86 ans, le réalisateur Paul Vecchiali trouve enfin le chemin de la sélection officielle du Festival de Cannes. Ce franc-tireur du cinéma français, à la filmographie parfois presque clandestine, propose avec Le Cancre un drôle de voyage. Un voyage à travers les souvenirs de son protagoniste, interprété par Vecchiali lui-même : au soir de sa vie, un homme se remémore et revoit (en songe ?) les femmes qu'il a aimées. Le procédé narratif est certes classique (et semble d’ailleurs réservé aux hommes – à quand l’équivalent féminin ?), mais il est ici prétexte à autre parcours. Le Cancre est autant un bilan de l’œuvre de Vecchiali (dont le film le plus connu – et sans doute aujourd'hui encore son plus incroyable – s'appelle d’ailleurs Femmes femmes, tiens, tiens) qu’une ouverture vers l'avenir.

En marge de la production cinématographique nationale, le cinéaste bricole depuis plusieurs années des films chez lui, dans son village du Var, avec sa troupe de comédiens habituels. Bricoler, le terme n’est pas choisi au hasard ; les quelques effets spéciaux du Cancre ont parfois l’air d’avoir été faits pour un powerpoint de mariage, et les chansons d’amour sont d’un kitsch venu dont ne sait trop où. Ce n’est pas que Vecchiali ne sait pas faire. Décapant bien plus que policé, avec la confiance de ceux qui n’ont rien à prouver et qui hissent leur liberté artistique plus haut que la satisfaction commerciale de rentrer dans le cadre, il refuse d’arrondir les angles, et radicalise la démarche qui est la sienne depuis longtemps (le montage d'En haut des marches, avec Danielle Darrieux en collabo, était déjà d’une grande audace).

Audace, le mot est lâché. Le décalage entre une sentimentalité assumée et une forme plus que brute a de quoi décontenancer, mais elle a surtout de quoi charmer. Il n’est sans doute pas si surprenant que la ronde d’actrices (d'Edith Scob, fantasque à souhait, à la plus inattendue Annie Cordy) se termine sur l'apparition onirico-théâtrale de la Deneuve. Davantage que la chic gardienne du musée du cinéma français, cette dernière demeure une actrice pointue qui accompagne régulièrement les projets les plus gonflés. Le Cancre en fait partie. Imparfait mais témoignant d'une liberte sans garde-fou, le film est à l’image de son auteur : attachant et inclassable.

par Gregory Coutaut

Commentaires

Partenaires