Ça rend heureux
Belgique, 2006
De Joachim Lafosse
Scénario : Kris Cuppens, Joachim Lafosse
Avec : Kris Cuppens
Durée : 1h25
Sortie : 20/06/2007
Pascale décide de se séparer de Jan pour vivre avec son nouveau compagnon, Didier. Elle conserve la maison familiale où elle entend élever Thomas, l'enfant qu'elle a eu avec Jan. Mais Jan ne peut se résoudre à quitter le domicile, et laisser son jeune fils.
PROPRIÉTÉ EN CHANTIER
Flash-back: en février dernier, nous rencontrions Joachim Lafosse, afin de faire le point sur sa trajectoire et, par extension, sur le jeune cinéma belge. C'est aussi à ces deux niveaux qu'il faut appréhender Ça rend heureux. Les aléas de la distribution française ayant bouleversé la chronologie de la filmographie de Lafosse, Ça rend heureux pâtit forcément de passer, absurdement, après l'impressionnant Nue propriété. Moins ambitieux, formellement discutable (à trop subir ici un tunnel de gros plans tremblés caméra au poing, on bénit la pellicule, les trépieds et les variations d'échelle de plan de Nue propriété), le deuxième long métrage du réalisateur de Folie privée pâtit forcément de la maîtrise de son petit frère. Heureusement, le fond justifie la forme. On s'amusera de constater que, la semaine où Luc Moullet se marre de son incapacité à lever des fonds pour monter ses projets, un jeune cinéaste livre à son tour sa vision sarcastique des turpitudes d'un tournage sans un rond, à la belge (voilà pour le second niveau d'appréhension). Légitimée par son propos, l'esthétique se fait pardonner au profit de l'écriture (cosignée à quatorze mains!), qui elle ne faillit pas, les dialogues étant en effet déjà sans pitié aucune. Féroce, le verbe égratigne et les comédiens le lui rendent bien, dont l'excellence préfigure largement l'exemplaire direction d'acteurs de Nue propriété. Il faut prendre Ça rend heureux par ce bout-là, y voir à la fois une récréation et un entraînement, pour le savourer malgré ses faiblesses.