The Butterfly Room
États-Unis, 2012
De Jonathan Zarantonello
Scénario : Jonathan Zarantonello
Avec : Heather Langenkamp, Barbara Steele, Ray Wise
Photo : Andrew Strahorn
Musique : Aldo De Scalzi
Durée : 1h27
Vieille dame élégante et acariâtre, Ann cultive un fétichisme étrange pour les papillons, qu’elle collectionne dans une pièce aménagée abritant certains specimens bien plus... humains.
GRAND-MÈRE SAIT FAIRE DU BON NAVET
Il y a quelques années, des grandes actrices hollywoodiennes telles que Joan Crawford ou Bette Davis arrondissaient leurs fins de carrière avec des films gothiques et/ou d'horreur et/ou grand-guignol. Crawford et Davis se sont lattées avec plaisir dans Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, Davis lattait Olivia de Havilland dans Chut chut chère Charlotte, Crawford maniait la hache dans La Meurtrière diabolique, Davis était tapie dans les bois dans Les Yeux de la forêt (pépite Disney méconnue à ne voir qu'en version intégrale). Parfois, ça donnait des navets, et il est difficile de défendre Trog où Joan se la joue Diane Fossey en chignon auprès d'un Big Foot en carton. Du Grande Dame Guignol au Grande Dame Gogol, il y a un pas que The Butterfly Room franchit aisément. Le réalisateur italien Jonathan Zarantonello emploie Barbara Steele, l'icône immortelle de Mario Bava, vue également chez Fellini, Cronenberg, Corman, Dante, Freda ou encore Margheriti. Contrairement aux grandes dames précédemment citées, Steele s'y connait déjà bien en horreur. The Butterfly Room ne s'ajoutera pas à la filmo mémorable de l'actrice (qui peine ici à avoir plus de 2 expressions sur le visage) et ressemble comme deux gouttes d'eau au bas du panier du dtv horrifique de base. Pauvreté absolue de l'image, synthé mélancolique (au cas où, horreur, il y aurait un silence), tours de passe-passe pour faire illusion (une structure en flashback totalement bidon).
Le point de départ (une vieille dame nourrit une passion malsaine pour les jeunes filles) nécessitait probablement plus de doigté. Avec ses scènes où des mères hurlent de terreur simplement parce qu'elles voient une mémé parler à leur fille, ou celle où un ouvrier qui surprend une dispute mémé/gamine est aussi gêné que s'il avait surpris l'aïeule nue sous sa douche, Zarantonello porte un curieux regard sur les relations entre adultes et enfants. Le défilé de vieilles stars de l'horreur (en plus de Steele, Heather Freddy Langenkamp et Ray Twin Peaks Wise sont de la partie) sert d'habile argument publicitaire mais ne sauve pas ce navet qui ressemble à un mauvais film de fin de soirée qu'on aurait regardé distraitement sur la TNT en 1994 (si elle avait existé à l'époque). Les dix dernières minutes qui se vautrent dans les excentricités du nanar (le plan final culte et bêtissime sur Heather Langenkamp) rendent ce Butterfly Room un peu plus réjouissant malgré lui. Le film, d'ailleurs, n'est pas méchant, juste complètement ringard. Le voir en compétition d'un festival censé célébrer le fantastique (ici, le PIFFF) laisse plus que songeur.