Buena Vida *Delivery*
Argentine, 2004
De Leonardo Di Cesare
Scénario : Leonardo Di Cesare, Hans Garrino
Avec : Moro Anghileri, Oscar Núñez, Alicia Palmes, Ariel Staltari, Ignacio Toselli, Sofía da Silva
Durée : 1h33
Sortie : 02/03/2005
Hernán, jeune livreur aux revenus modestes, tombe amoureux de Pato, une jolie pompiste encore moins argentée. Il l’accueille chez lui à bras ouverts. Mais il ne sait pas encore qu’il va également hériter d’une belle-famille pour le moins envahissante…
NUEVA VIDA
Hypothèse: et si l’Argentine post-effondrement économique était le terreau idéal pour un nouveau cinéma social, dans la veine anglo-saxonne post-thatcherienne? Réponse: c’est fort possible. Chichement, mais sûrement, le Nuevo Cine Argentino avance. Cinquante-quatre films en ont hissé le drapeau l’an passé et Buena Vida *Delivery* n’est pas des moindres. Petit phénomène fédérateur surgi du néant, porté par des acteurs inconnus du grand public et modestement réalisé par un ex-court-métragiste persévérant, cette comédie sociale façon Full Monty dépressif fait partie des dix succès nationaux de l’an passé et continue d’être programmée régulièrement. Succès mérité: carré, intelligent, parfois touchant et souvent drôle, dépeignant un tableau humain pertinent et jamais mélo, Buena Vida *Delivery* tape juste. Partant d’une idée simple (un garçon paumé dans un pays où seuls les loups sont rois, se fait bouffer la laine à même l’échine dorsale), Leonardo Di Cesare tire une structure dramatique efficace, carburant à l’identification et à l’empathie immédiates, rythmée et habile.
CHURROS ET THANATOS
Refusant la lourdeur d’un pathos pourtant aux aguets, le scénario a notamment la grande délicatesse de ne pas céder aux sirènes du happy end – choix courageux et étonnamment déchirant, pour un film célébrant l’optimisme comme seul moyen de survie. Si la réalisation ne joue la plupart du temps qu’un rôle illustratif (prises de vue en décors naturels, cadrages sans ambitions esthétiques particulières), elle n’en demeure pas moins efficace, ceci tout particulièrement dans sa prise en compte de l’espace et de son découpage, toujours lisible, et se voit nourrie d’une kyrielle de petits détails cohérents. En accord avec les intentions proclamées dès le titre (si "delivery", enfermé entre ses étoiles, veut dire à domicile, alors exiguïté physique vaut étroitesse sociale – voilà pour l’explication de texte), cette limpidité, cette accessibilité de la technique, toujours au service d’une trame claire et énergique, pourrait expliquer en grande partie le succès populaire du film. Simple, vous disait-on: intelligemment limpide, en fait.