Brüno
États-Unis, 2009
De Larry Charles
Scénario : Sacha Baron Cohen, Anthony Hines, Dan Mazer, Jeff Schaffer
Avec : Sacha Baron Cohen, Gustaf Hammarsten
Photo : Anthony Hardwick, Wolfgang Held
Musique : Erran Baron Cohen
Durée : 1h21
Sortie : 22/07/2009
Brüno est une star en Autriche, son pays natal, où il anime une émission sur la mode. Mais suite à une bavure et son licenciement, il décide de devenir une star internationale et s'envole ainsi pour les Etats-Unis...
RAINBOW BRIGHT
Après Ali G Indahouse (2002) et Borat (2006), Sacha Baron Cohen porte au grand écran le troisième et dernier personnage récurrent de son émission télévisée Da Ali G Show. Encore une fois méconnaissable, cette fois il campe un journaliste de mode gay, autrichien et mégalo. Mi-fiction mi-documentaire façon Striptease, le film retrouve à sa barre pratiquement la même équipe que pour les deux métrages précédents, la même formule également. Comme Borat, le film n'évite pas l'enfonçage de portes ouvertes à la Michael Moore, mais c'est un mal nécessaire. De plus, si cette fois il ne risque pas d'énerver les habitants du Kazakhstan, il irrite pas mal la communauté homosexuelle, divisée sur le film. Si Cohen campe un gay tout ce qu'il y a de plus cliché, en faisant beaucoup dans le genre folle colorée obsédée par les pénis, la fin justifie les moyens : les Américains, entre autres, se retrouvent cette fois non pas face à leur racisme primaire mais à leur homophobie quotidienne. Chasseurs rednecks pur jus, militaires, député républicain, amateurs d'"ultimate fighting" ou prof de karaté, les proies sont faciles mais le résultat - attendu pourtant - n'en laisse pas moins bouche bée, chacun se réfugiant derrière le bouclier testostéroné de son hétérosexualité, sans rater l'occasion de rabaisser Brüno. Celui-ci fait mouche à tout coup et met en lumière les aberrations qui existent encore aujourd'hui, comme les "convertisseurs de gays", espèces d'exorcistes illuminés à la misogynie exacerbée.
Mais Brüno n'épingle pas seulement l'homophobie, il s'amuse aussi un peu avec le monde de la mode, faisant avouer à un mannequin que mettre une jambe devant l'autre demande une très difficile concentration, et surtout avec la célébrité. Pour tenter de percer aux USA, il exhibe ainsi un bébé noir, comme Madonna et Brangelina, à un talk-show rempli de ménagères noires, avant de chercher une cause humanitaire à laquelle se rallier et qui le propulserait illico sur le devant de la scène. S'envolant ainsi à Jérusalem pour résoudre le conflit israëlo-palestinien sur le conseil de publicistes idiotes, il réussit surtout à frôler le danger. Ses méthodes sont parfois extrêmes et le film à réserver à un public averti (et qui a au moins aimé Borat); de plus, si Brüno lui-même s'est promené aux quatre coins du monde en petite tenue pour la promotion du film (dont une arrivée fracassante les fesses à l'air aux derniers MTV Movie Awards, avec la complicité d'Eminem), on en sait peu sur le vrai et le faux de la plupart des scènes : qui était dans le coup et qui a été vraiment piégé, à quel point tout ça a été scénarisé et mis en scène ? Aucune réponse n'est encore apparue mais l'essentiel n'est pas là. Le film est aussi terrifiant que drôle et remplit parfaitement sa mission : Brüno est maintenant une star !