Brice de Nice
France, 2005
De James Huth
Scénario : Karine Angeli, Jean Dujardin, James Huth
Avec : Elodie Bouchez, Clovis Cornillac, Jean Dujardin, Alexandra Lamy, Bruno Salomone
Photo : Philippe Piffeteau
Musique : Bruno Coulais
Durée : 1h40
Sortie : 06/04/2005
Alors que tout se passe comme d’habitude dans la vie de Brice le casseur-frimeur-farteur-surfeur au succès fou, un coup du sort l’oblige à s’enfuir de Nice et participer au championnat de surf d’Hossegor. C’est une nouvelle vie qui l’attend avec l’aide de son insolite ami Marius de Fréjus.
LA MARQUE JAUNE
Il s’appelle Brice, il vient de Nice, il est surfeur winner ascendant snow-boarder. Il possède une maîtrise du "cassage" facile et les filles sont à ses pieds. Bref il a presque tout pour lui si ce n’est qu’à Nice, les déferlantes se font plutôt rares, Méditerranée oblige. Mais Brice, il s’en fout. Il s’est créé un personnage frime et mèche blonde en avant, démarche de poseur et poulettes autour des bras. Il est la pseudo star de la Côte d’Azur et compte bien rester sur son piédestal le temps qu’il faudra pour attendre la vague du demi-siècle. La vague du demi-siècle? Oui. Celle-là même qui emporte Bodhi, le mentor officiel de Brice, dans Point Break (Kathryn Bigelow, 1991). Mais voilà, les fans de Brice se sont un peu retrouvés orphelins depuis que ses sketches ne passent plus à la télé. Après avoir raté le coche de l’adaptation de la bande-dessinée Blake et Mortimer, James Huth (Serial Lover, 1998) s’est tourné logiquement (?) vers l’adaptation d’une autre marque jaune: Brice de Nice. Avec l’aide de Jean Dujardin, dans le rôle qu’il avait créé pour le café-théâtre puis poursuivi à la télé, et d’un scénario écrit à six mains, peut-être basique mais qui avance malgré tout, Brice se déchaîne tout au long du métrage pour le bonheur de tous ses fans. "Cassage", "Fartage", "Frimage" et autres soirées "Yello" sont bien évidemment au rendez-vous, et c’est tout le monde de Brice qui prend ainsi vie sur grand écran. Prêt pour une nouvelle aventure du surfeur frais et bigarré?
ULTRA BRICE
Pour pouvoir passer du petit au grand écran, il fallait appréhender le personnage de Brice avec tout l’amour mais aussi tout le délire que le personnage draine avec lui. Si certaines stars adoptent délibérément la "sex, drug, and rock’n’roll" attitude, ici c’est l'allure surf qu’il faut privilégier, avec tout ce qu’elle comprend de fun, de musique et de jolies poupées en bikini. Mais pour réussir ce droit de passage, il fallait aussi présenter ce personnage aux non-initiés. C’est désormais chose faite avec la première partie du film. Brice apparaît sous son plus beau jour, reprenant une sorte de best of de sketches télé avec leçons de "cassage", panoplies vestimentaires et autres présentations de sa communauté afin que la jonction puisse s’opérer, placer les enjeux du film et donc faire tranquillement avancer l’histoire. Une histoire non pas sous forme de success story, comme l'on pourrait être amené à le croire, mais plutôt une histoire d’apprentissage. Celle d’un personnage naïf et presque prétentieux, aux nombreux relents adolescents, qui n’a pas terminé sa puberté, mais qui progressivement va devenir un homme, un vrai, un tatoué! Bref, une sorte de Johnny Utah français. Leçons d’humilité, rencontre de partenaires, doctrines réhabilitées, mais pouvoir toujours intact, tels sont les passages obligés que devra affronter Brice. Certes, les aficionados du surfeur blond pourront peut-être tiquer devant cette redite télévisuelle, mais Huth et Dujardin ont au moins eu le bon goût pour cette introduction d’utiliser de nouveaux décors et de nouvelles situations, évitant ainsi le piège de la retranscription totale et donc de la saturation.
BRICE TOUT PUISSANT
Evidemment, Brice de Nice n’est pas exempt de tout défauts. Certains étant même très durs à digérer, comme la trop nombreuse présence d’images de Point Break dans la première partie du film, ou de séquences dansées et chantées déjà obsolètes, qui semblent imposées par un cahier des charges tiré de l’exemple promotionnel de Michaël Youn et de ses nombreuses élucubrations musicales, destinées uniquement à la promotion cachée et au bas profit pécuniaire. Mais lorsque l’on sort de la salle, on s’aperçoit vite que ces imperfections ont été rapidement évincées par la forme inhérente de l’histoire, le cast et l’humour ambiant. Humour tiré directement des prémices vidéos, mais lorgnant aussi du côté de celui des frères Farrelly (Dumb & Dumber, Mary à tout prix, Deux en un), comme l’on peut le constater avec la "sous-intrigue" tournant autour des personnages du grand Clovis Cornillac et de la nouvelle venue dans la comédie Elodie Bouchez. Il apparaît donc évident que Brice de Nice emmènera dans sa déferlante un sacré paquet de fans, mais repoussera tout autant les personnes non parées à son humour, si bien qu’avec le temps, le film pourrait atteindre le statut de culte. Et quoi que l’on pense du film, on ne pourra en aucun cas reprocher le fait que les amateurs du genre puissent devenir de "fieffés vendus" à ce nouveau héros, apportant un peu de fraîcheur dans une comédie française se reposant un peu trop sur ses lauriers. Un film fait pour le public et, presque, par le public, tant on sent à tout moment la belle partie de rigolade qu’a du être le tournage. Donc courez voir ce film, tant les occasions d’avoir la banane (jaune, forcément) se font un peu trop rares ces temps ci.
En savoir plus
En 1995, Jean Dujardin crée pour les planches le personnage de Brice de Nice, sorte de grand ado attardé, passionné de surf. Il reprend ce personnage lors de l’émission Graines de star sur M6, puis l’améliore et continue même son histoire avec la troupe de comiques des "Nous C Nous" pendant six sketches vidéos. Le succès est lancé et rien n’arrêtera la Bricemania. De nombreux fans adoptent la "Brice attitude", créant aussi des pages sur internet consacrées à leur nouveau héros et rediffusant ainsi les images vidéos du surfeur. Deux bons sites font surtout figure de proue et leur adresse est cliquable ci-dessous. Bon surf!