Boli Bana
La nuit, le jeune Ama et sa bande voyagent dans la brousse de Boli Bana. Des bêtes immenses et bienveillantes les accompagnent. Ils se jaugent, se cherchent, s’apprivoisent. Le jour, la jeune Aissita est l’attention du village de Boli Bana. Une sorcière est venue pour un rituel : Assista rentre dans l’âge adulte. A travers les yeux de ces enfants se dessine l’histoire d’un monde nomade et mystique. Une enfance peulhe au Burkina Faso...
TOUS LES GARÇONS ET LES FILLES DE MON AGE
Boli Bana, réalisé par le Belge Simon Coulibaly Gillard, fait le récit du passage à l'adolescence de quelques jeunes filles et garçons, élevés dans la tradition peulhe au Burkina Faso. La caméra s'efface, en immersion ; mais un peu à l'image du travail de l'Italien Michelangelo Frammartino sur Le Quattro volte, on sent en permanence le regard d'un cinéaste. Sur ces rituels initiatiques, sur le cycle de la vie, sur cette façon, par le cadre et le découpage, de construire une narration à la fois non-conventionnel et pourtant limpide.
Le réalisateur suit d'abord les garçons, observe leur formation. La circoncision, la nuit à la belle étoile, les bêtes à garder - il y a à la fois à l'image un regard brut et concret tout comme une dimension poétique, presque mystique dans cet apprentissage. La nature est abondante, les orages tonnent fort, et lorsqu'on regarde dans le ciel on tombe parfois sur une puissante mer d'arbres agités par le vent. Boli Bana offre quelques scènes assez hallucinantes, notamment lorsqu'on passe chez les jeunes filles et que l'on assiste aux scarifications qui pour certaines semblent accompagnées d'une étrange chorégraphie.
C'est le quotidien pourtant qui se déroule devant nos yeux ; et qui semble se dérouler depuis toujours. C'est l'un des fascinants paradoxes de ce documentaire dont le récit paraît à la fois intemporel et pourtant tout à fait inscrit dans le temps lorsqu'on fait défiler une à une les photos prises au téléphone portable.