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Pologne, 2015
De Malgorzata Szumowska
Note FilmDeCulte : ****--
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Janusz, médecin légiste, n'est pas facilement choqué par ce qu'il voit. Néanmoins, il doit faire face à de sérieux problèmes familiaux quand sa fille anorexique commence à avoir des comportements suicidaires. Il l'envoie alors dans une clinique pour qu'elle y soit soignée.

BODY OF EVIDENCE

Entre l’honorable Aime et fais ce que tu veux, précédente sélection en compétition de la Berlinale de la Polonaise Malgorzata Szumowska (lire notre entretien), et Body, son nouveau film, il y a un véritable pas en avant. Le sujet de Aime… (avec son prêtre homosexuel dans une Pologne pas particulièrement gay-friendly) était fort, le film visuellement assez beau mais aussi pesant et in fine plutôt conventionnel. Body, qui partage avec Aime… mais aussi Elles de nouveaux questionnements sur le corps, est un film plus réussi et surtout beaucoup plus vivant.

Là où Aime… était parfois un peu programmatique, Body installe un climat étrange dès sa première séquence : le début d’une enquête sur un pendu encore accroché à son arbre – plan splendide. Le mort est bien mort, ça ne fait pas de doute. Mais ça ne nous empêche pas de le voir se relever comme si de rien n’était. Est-ce une farce surréaliste ? Est-ce du fantastique ? Que voient réellement les témoins ? Ce début donne le ton acrobatique de Body, dans lequel il est beaucoup question de corps mais surtout du rapport entre le corps et l’esprit. Depuis la mort de sa mère, la jeune héroïne développe un lourd désordre alimentaire. Une thérapeute enseigne à ses fragiles patientes à sortir la voix de leur corps. A l’opposé, le personnage principal, médecin légiste, voit froidement des morts à longueur de temps et doit même vérifier l’authenticité du corps… de son épouse, dans un cercueil entrouvert.

C’est dans cette bascule entre le corps et l’esprit que se pose la question de la réalisatrice : celle du deuil et de sa douleur, spirituelle comme physique. L’hésitation fantastique n’est pas qu’un sous-texte métaphorique dans Body, et c’est peut-être ça le plus surprenant : on y croise des fantômes, on se lance dans des séances de spiritisme. Qu’est-on prêt à avaler ? A quoi se raccrocher ? La medium, à la fois pathétique et impayable, y croit dur comme fer, le médecin légiste ricane dans sa barbe. Malgorzata Szumowska trouve le ton juste parmi des registres contraires, signant un film original, stimulant et imprévisible.

par Nicolas Bardot

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