Bloody Sunday

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Bloody Sunday
Bloody Sunday
Royaume-Uni, 2002
De Paul Greengrass
Scénario : Paul Greengrass
Avec : Nicholas Farrell, Kathy Kiera Clarke, Gerard McSorley, James Nesbitt, Tim Pigott-Smith
Photo : Ivan Strasburg
Durée : 1h47
Sortie : 30/10/2002
Note FilmDeCulte : ****--
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Le dimanche 30 janvier 1972, à Derry en Irlande du Nord, Ivan Cooper est l'organisateur d'une marche pacifique pour l'égalité des droits entre catholiques et protestants, mais la manifestation se transforme en émeute et fait treize morts. Une journée qui restera à jamais gravée dans les mémoires sous le nom de "Bloody Sunday".

Ours d'or de Berlin 2002, Bloody Sunday se place comme le seul récit "commun" des évènements du 30 janvier 1972. Trente ans après ce dimanche sanglant, alors que les tentatives de paix entre l'Irlande et l'Angleterre n'ont jamais été autant avancées, Paul Greengrass lance un nouveau débat sur la question en adressant son film autant aux Irlandais qu'aux Britanniques. Utilisant sa caméra comme une loupe, il dissèque les enjeux, les tensions, les incompréhensions et les erreurs des deux parties sans s'engager. Laissant de côté l'esprit militant qui habite généralement les films du genre, il montre à quel point ce triste épisode du conflit irlandais a été une défaite de l'idéalisme qui habitait tous les hommes, femmes, enfants. Il se contente de filmer, de raconter ces événements qui en une seule journée ont fait basculer un conflit séculaire en guerre civile.

Pour donner plus de poids et d'authenticité à leur film, à leur propos, Paul Greengrass et son producteur Mark Redhead ont souhaité faire participer au tournage le plus grand nombre d'habitants de Derry. Le tournage a eu donc la particularité et l'extrême audace de mêler des soldats de l'armée britannique, des anciennes victimes patriotes de tous bords, des Républicains et des Nationalistes, sans oublier les forces spéciales irlandaises, chargées de la sécurité du plateau. Ainsi, on retrouve parmi les figurants, comme dans les seconds rôles (par exemple les militaires ou les infirmières), des personnes ayant réellement vécu les évènements, s'investissant pleinement, allant même jusqu'à improviser en fonction de leurs souvenirs. Il faut noter également le choix minutieux des quatre acteurs pour les rôles principaux et en particulier celui d'Ivan Cooper, le personnage central du film. Cooper était un membre du parlement protestant, mais bien qu'homme politique, il était à la fois authentique et idéaliste. Il fallait donc un acteur ni catholique, ni ouvrier, ni intellectuel pour incarner cet homme à la tête du mouvement des droit civiques. C'est ainsi que James Nesbitt, issu d'un milieu protestant de la région de Derry, est entré dans l'aventure.

Il en résulte donc un "témoignage historique" d'une grande force, mais cette qualité s'avère être également le seul défaut du film. En effet, de par sa volonté de retracer pas à pas les événements de cette journée et rien d'autre, le film semble par moments n'apporter guère plus que ce que les livres historiques et scolaires nous ont déjà appris.

par Julie Anterrieu

En savoir plus

Les bases du conflit en Irlande Depuis l'introduction du catholicisme en Irlande au 12ème siècle, le pays est le théâtre de conflits plus ou moins violents opposants Irlandais et Anglais, catholiques et protestants. http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/jb/jb_2401_p0.html http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/jb/jb_2401_p1.html http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/jb/jb_2401_p2.html A partir de 1949, l'IRA reprend la lutte en Irlande du Nord, et le Sinn Féin devient sa branche politique. L'année 1968 marque le réveil de l'extrémisme protestant, accompagné de manifestations anti-catholiques et d'émeutes. De leur côté, les catholiques créent le Mouvement des droits civiques, mouvement pacifiste avant tout, qui revendique des droits identiques pour les catholiques et les protestants. De plus, L'IRA se scinde en deux: les "Officials", proches du Sinn Féin et du marxisme, qui prônent la solidarité entre catholiques et protestants, et les "Provisionals" qui veulent obtenir par la lutte armée l'unification des deux Irlandes. Ce retour aux affrontements entre l'IRA et les milices protestantes dès 1970 va aboutir en 1972 au "Bloody Sunday". Le "Bloody Sunday" Le dimanche 30 janvier 1972, le mouvement des droits civiques d'Irlande du Nord organise dans les rues de Derry une marche populaire et pacifique. Il entend protester contre les emprisonnements sans procès que multiplie le pouvoir britannique sous la pression des unionistes. Le trajet de la manifestation part des banlieues catholiques perchées sur les collines surplombant la ville et doit rejoindre la mairie, siège du pouvoir protestant, pour un débat public. Mais les autorités unionistes de Belfast, l'armée britannique et le gouvernement de Londres se sont mis d'accord pour que la répression de cette manifestation soit un évènement aussi exemplaire que médiatisé. Leur objectif est d'arrêter 500 personnes. A la tête des forces armées d'Irlande du Nord, le Général Robert Ford ordonne au Général de brigade McLellan une stratégie imposant au premier bataillon de parachutistes de procéder à des arrestations massives. Dans la confusion, l'armée britannique tire sur la foule, tuant treize manifestants. C'est un tournant dans l'histoire des troubles de l'Irlande du Nord. De nombreux jeunes rejoignent alors l'IRA. Le conflit se transforme en guerre civile. En 1983, le groupe irlandais U2 s'inspira de ce dimanche tragique en composant Sunday, Bloody Sunday, extrait de l'album War.

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