Black Sheep

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Black Sheep
Nouvelle-Zélande, 2006
De Jonathan King
Scénario : Jonathan King
Avec : Tammy Davis, Oliver Driver, Peter Feeney, Glenis Levestam, Danielle Mason, Nathan Meister
Photo : Richard Bluck
Musique : Victoria Kelly
Durée : 1h27
Sortie : 19/03/2008
Note FilmDeCulte : ***---
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Henry, citadin phobique des moutons, décide de suivre les conseils de sa thérapeute en retournant à la ferme familiale pour vendre ses parts à son frère aîné, sans se douter des expériences génétiques qui y sont menées sur les moutons. Au même moment, des activistes écolos, au courant de ces pratiques, libèrent un agneau mutant du laboratoire secret. Le fléau va très vite se répandre et transformer tous les moutons en prédateurs très très méchants.

Bande annonce du film Black sheepenvoyé par FranceCinema

JOHNNY HAD A LITTLE LAMB

Depuis le temps qu'on l'attendait, on n'osait plus y croire. On se disait même que Black Sheepallait devenir ce genre de film qui ne franchirait pas la porte des vidéoclubs et que l'on trouverait uniquement sur le net ou en import DVD à prix exorbitant. Et puis non. Le film de Jonathan King se permet une distribution hexagonale (somme toute relative) et va ainsi permettre au public de le juger dans ses meilleures conditions. Prix du Jury et du Public de l'édition 2007 du festival de Gérardmer, et précédé d'une réputation plus que fameuse, Black Sheep aura eu le temps de faire naître en chacun l'espoir d'une nouvelle comédie horrifique digne de ce nom. Alors buzz abusé ou réel film culte en devenir que cet ovni tout droit sorti de la « Terre du milieu » et du pays où vivent 40 millions d'ovins? Et bien on aurait peut-être dû anticiper l'entourloupe. Si le film rêve d'égaler ses pairs, comme Bad Taste (Peter Jackson, 1987), dont il partage la nationalité, ou Evil Dead (Sam Raimi, 1981), références ultimes du cinéma bout de ficelle, c'est aussi son plus gros point faible. Car pour bien évoluer dans ce genre de film sans budget, il faut savoir jouer du système D, et faire du côté cheap de l'entreprise un atout de la fiction. Or King bénéficie ici d'un budget qui semble plutôt confortable vu les animaux en animatronique (magnifiques il faut le reconnaître) mis à sa disposition par la firme d’effets spéciaux Weta. Et plutôt que de pousser au bout son concept de "monster movie avec des moutons" pour amplifier la connerie latente, le réalisateur se repose un peu trop sur ses lauriers et ne livre que le strict minimum sans jamais aller au bout des choses.

LA VIOLENCE DES AGNEAUX

Pourtant, des qualités, Black Sheep en possède quelques-unes et pas des moindres. Entre une certaine ambiance inspirée par le cinéma bis des années 50, des gueules de comédiens dirigés vers un surjeu volontairement grossier, un laboratoire d’expériences tout droit sorti d'une bande d'exploitation de drive-in (il ne manque plus que les étendards et autres symboles nazis), des mutations excitantes et exagérées, un "mouton-garou", un héros un peu gauche avec sa copine écolo décalée prénommée Expérience (ca ne s'invente pas!) et sa mamie tromblon, et même quelques relations sexuelles déviantes (dont une formidable se passant pendant une scène d’infiltration tout droit sorti de L’Odyssée d’Homère), beaucoup d’éléments sont mis à disposition pour amplifier le côté n’importe quoi du film. Quand au côté gore, il n’est pas non plus trop laissé à l’abandon puisque plusieurs fois on assiste à des éviscérations en bonne et due forme (attention on n'est pas non plus dans la surenchère ultime composée d’hectolitres rouges) notamment après un véritable tsunami laineux. Mais encore une fois, après quelques passages juste sympathiques, le film ne décolle jamais vraiment et reste en simple vitesse de croisière et surtout sans trop de taches. Ne joue pas sur le territoire de la Troma qui veut. Alors si l'on sourit souvent, et de bon cœur, ce n’est jamais la poilade annoncée par ce genre de produit hors normes et c’est bien là le problème. On serait tenté de dire que depuis l’avènement du net et la possibilité à tout un chacun de faire partager ses bandes vidéos les plus improbables, Black Sheep se paye juste le luxe d’avoir 15 ans de retard.

par Christophe Chenallet

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