Étrange Festival: Bitch
Jill n’est pas ce qu’on peut appeler une femme épanouie. Son mari Bill la délaisse, ne pense qu’à son travail et la trompe sans le moindre scrupule, tandis que ses quatre enfants s’éloignent de plus en plus. Brusquement, elle commence à se comporter comme un chien.
I'M YOUR ANGEL UNDERCOVER
C'était l'un des buzz de l'année avec son pitch zinzin et sa tournée des festivals : à l'arrivée, Bitch est surtout un pétard qui aurait été trempé par une douche froide. Première réalisation de Marianna Palka (qu'on a pu voir en tant qu'actrice dans la série télévisée plutôt sympathique Glow), Bitch raconte l'histoire d'une mère à bout, qui craque et commence à se comporter envers son infecte famille comme un chien méchant. Parabole féministe, grand strike surréaliste dans une société phallocrate – tout cela fait sûrement bien joli dans les notes d'intention mais Bitch échoue à tous les niveaux.
Son pitch n'est jamais vraiment traité au sérieux, navigue entre potacherie et bouffonnerie, à l'opposé par exemple de The Woman de Lucky McKee qui partait d'un improbable postulat pour traiter, à la fois sur le ton du grotesque et tout à fait sérieusement, du patriarcat et de la misogynie. Bitch est tout de suite gras dans son écriture et ne connaît que la surenchère : musique type cirque pour les scènes fofolles, héroïne qui tape fort sur les murs (et son monté au max) pour faire monter la tension lors d'une scène de dispute – on agite plein d'artifices mais le film reste toujours tristement terre à terre.
Le vrai personnage principal de Bitch n'est d'ailleurs pas la mère, rapidement reléguée au sous-sol et dont on se fiche assez rapidement du sort. Toute l'attention est dirigée vers le papa, incarné par ce type d'acteur épouvantable qui donne sans cesse l'impression de faire des grimaces et mouliner des bras aux côtés de Rachel et Chandler sur le plateau de Friends. Du pitch féministe et méchant, on passe à une sorte de film de bienveillance molle à la Adam Sandler qui nous dit surtout que c'est dur-dur d'être papa. Et après tout, pourquoi pas ? Mais ce film de famille dysfonctionnelle, où maman passe la tête par la fenêtre de la voiture et ferme les yeux pour se connecter à la vie, Sundance en vomit tous les ans par dizaines. Bitch dont le point de départ est piquant finit aussi lisse qu'un prix du public à Deauville. De maman qui aboie à bonne maman qui rassure, le long métrage ressemble surtout à une supercherie.