The Birth of a Nation

The Birth of a Nation
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Birth of a Nation (The)
États-Unis, 2016
De Nate Parker
Scénario : Nate Parker
Avec : Armie Hammer, Nate Parker
Durée : 2h00
Sortie : 11/01/2017
Note FilmDeCulte : **----
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1800, Virginie, l’esclavagisme règne. Enfant, Nat Turner a une vision. Trente ans après, il conçoit un plan pour mener son peuple vers la liberté.

BOUSCULE MOI UN PEU

Entouré d'un buzz boulet de canon des ses premières projections, lauréat à la fois du grand prix et du prix du public à Sundance, vendu alors pour un prix record, puis immédiatement caché du public mondial jusqu'au début de la saison Oscar... The Birth of a Nation arrive avec une écrasante réputation, et son sujet fort et violent (l'insurrection d'un groupe d'esclave) laissait espérer une œuvre puissante en forme de coup de poing. Mais un film radical, ou disons brutal, aurait-il pu rencontrer une telle unanimité ? Et si son parcours à succès (fait de cases comme Sundance, qui on l'avouera, n'est pas le laboratoire des films les plus expérimentaux du monde) ne traduisait pas un côté finalement très consensuel?

On peut compter sur les doigts d'une seule main les plans de The Birth of a Nation démontrant une idée personnelle de mise en scène. Ce n'est certes pas le pire des crimes, et le cinéma (faussement) indépendant américain fait rarement de cette qualité une priorité. The Birth of a Nation n'est ni bâclé ni moche, c'est au contraire un film très propre, à défaut d'une qualité technique plus excitante. Plus surprenant, et plus dommage: le film se révèle également lisse dans son scénario. L'histoire de Nat Turner, esclave modèle et pasteur à la fois, qui a réussi à mener un groupe d'hommes de différents villages à la rébellion envers leur maitre, est édifiante, et suffirait à elle seule à passionner les spectateurs. Le réalisateur Nate Parker (pourtant bon acteur dans le rôle principal) ne parvient pas à lui donner la dimension épique qu'elle mérite.

Les récents films américains sur l'esclavage ont eu à coeur de montrer sans aucun fard la violence de cette période, qu'elle soit autant physique (Django Unchained) que psychologique (12 Years a Slave). The Birth of a Nation parle d'événements non moins brutaux, mais ne met jamais en scène cette violence. Elle est presque toujours gardée hors champ, dissimulée à la caméra au tout dernier moment. Une scène d'affrontement entre deux groupes d'hommes brandissant des haches et d'autres armes barbares se retrouve ainsi (la faute au montage ? A la pudeur ?) réduite à des gars qui se bousculent et qui tombent les uns sur les autres. Le film n'est pas éprouvant (la violence de ces images est visible par tous les publics) mais il n'est presque jamais tendu non plus.

S'agit-il d'une différence culturelle ? Il y a un aspect particulier de The Birth of a Nation qui suscite des questionnements. Nate justifie toutes ses actions, bonnes ou non, par la Bible. Pas très étonnant pour un pasteur. Mais lorsqu'il justifie ainsi l'appel au meurtre en série, il n'y a bizarrement rien ni personne dans le scénario pour y voir un problème, pour appeler un fanatique un fanatique. Sans autre argument avancé que la Bible (et le postulat de base - avec lequel chaque spectateur humain sera d'accord d'office - comme quoi l'esclavage, c'est mal), difficile de s'identifier profondément à son parcours, qui devient rapidement un peu artificiel. Difficile d'en être durablement ému. The Birth of a Nation tient debout, se laisse regarder avec une grande facilité, mais ne bouscule jamais autant qu'il ne le devrait. Ou qu'on le souhaiterait.

par Gregory Coutaut

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