Bion
Japon, 2011
De Toyoko Yamasaki
Scénario : Toyoko Yamasaki
Avec : Tôta Komizu, Akiko Mono
Photo : Masami Inomoto
Durée : 1h00
Shiho, 28 ans, ne parvient pas à s’entendre avec sa mère, qui l’a abandonnée quand elle était petite. Le seul soutien moral de Shiho sont ses cours de cuisine hebdomadaires, avant de faire la rencontre de Masato, un artisan menuisier.
RENCONTRES A NARA
Produit par Naomi Kawase, Bion fait partie du projet NARAtive, comme Last Chestnuts, également présenté dans le cycle Kansai: l'autre cinéma japonais. Ces films, aux budgets très légers et tournés en une semaine, ont été conçus pour être diffusés dans le cadre du Festival de Nara, que la réalisatrice a créé l'an passé. Nara, la ville de Naomi Kawase, théâtre privilégié de ses films, est également le décor de ce Bion, premier long métrage de la réalisatrice Toyoko Yamasaki. Bion est situé dans le même coin que La Forêt de Mogari, mais reste cette fois au bord du bois, ne s'y enfonce pas, à l'image de ses personnages qui semblent suspendus dans un étrange entre-deux. L'ombre tutélaire de Kawase plane sur le film de Yamasaki. On retrouve cette même idée de cinéma de la perte, tout en étant en permanence un cinéma sur la vie. Cette empathie miraculeuse, cette façon de regarder hommes et femmes, faisant de Shiho et Masato, des personnages quotidiens aux vies simples, des artistes lorsqu'elle est aux fourneaux ou lui dans son atelier de menuiserie.
Yamasaki, comme la réalisatrice de Shara a pu le faire, dénude sa narration jusqu'à une certaine épure, parvient à traiter d'une violence, de situations dramatiques (et même mélo-dramatiques), usant d'une ironie tragique, tout en restant, caméra à l'épaule, dans un minimalisme presque abstrait, et qui annonce en quelque sorte Hanezu, le film que Kawase a signé après la production de Bion (dont elle a repris l'acteur encore amateur, Tôta Komizu). A défaut de s'affranchir totalement de l'école Kawase, Yamasaki fait preuve d'une sensibilité, une maîtrise, un art de la respiration (jusqu'au dénouement à la fois elliptique et évident) qui rendent très curieux sur la suite de sa carrière. Bion, concis (une heure), radical, d'une beauté diaphane, atteint de temps à autre l'humanité profonde, sans emphase, des films de sa productrice. Loin d'une conception d'un cinéma d'auteur kawaii qu'on retrouve parfois en festivals, un autre cinéma japonais assurément.
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Bion est diffusé dans le cadre du cycle Kansai: l'autre cinéma japonais.