Bientôt les jours heureux

Bientôt les jours heureux
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Bientôt les jours heureux
I tempi felici verranno presto
Italie, 2016
De Alessandro Comodin
Durée : 1h40
Sortie : 03/05/2017
Note FilmDeCulte : *****-
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Tommaso et Arturo sont parvenus à s'enfuir et se réfugient dans la forêt. Des années plus tard, cette forêt est infestée de loups. De nos jours, Ariane y découvre un trou étrange. Ariane est-elle la jeune femme dont on parle dans cette légende de la vallée ? Pourquoi Ariane s'est-elle aventurée dans ce trou ? Cela reste un mystère. Cette histoire, chacun la raconte à sa façon, mais tous s'accordent à dire que le loup, Ariane l'a bel et bien trouvé.

UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS

Repéré à Locarno il y a déjà 5 ans avec le fort singulier L'Eté de Giacomo, le réalisateur italien Alessandro Comodin confirme avec son second long métrage qu'il est un des jeunes cinéastes les plus inclassables et passionnants d'Italie. A l'exception peut-être de Pietro Marcello (Bella e perduta), on ne saurait d’ailleurs trop à qui le relier dans la famille du cinéma transalpin. Sa généalogie est sans doute plutôt à chercher parmi les cinéastes radicaux de tout pays, d'Apichatpong Weerasethakul à Lisandro Alonso. Avec ces derniers, Comodin partage une absence de peur face au mystère, une très grande modernité dans sa manière d'appréhender la grammaire cinématographique... et un penchant pour les fantasmes liés à la foret, son absence de repères géographiques et temporels. A l’arrivée : un cinéma qui parait vouloir nous égarer mais qui prend au contraire par la main pour nous emmener dans des lieux insoupçonnés.

Deux jeunes hommes courent dans une forêt. Fuient-ils ? Jouent-ils ? Aucun dialogue superflu ne vient expliquer ce qui leur est arrivé juste avant, rien ne vient donner d’indice précis sur le pays ou la région dans laquelle la scène se déroule, et leurs tenues pourraient tout aussi bien dater de plusieurs siècles, plusieurs décennies, ou quelques années. Le temps s'arrête, et la forêt qui les accueille devient leur nouvel habitat, où ils éprouvent à peine le besoin de parler, comme un retour primitif à un état d'insouciance sauvage. Puis a lieu une rencontre. A priori banale, celle-ci remet le film sur des rails du réel tellement brutalement que paradoxalement, elle en paraît presque surnaturelle de décalage. C'est le premier virage d'un film qui alterne en fait deux (ou davantage?) niveaux de réalité : le documentaire et la fiction, la ruralité et le fantastique, le passé et le présent.

Comme un ruban de Moebius, Bientôt les jours heureux amalgame deux récits qui devraient être injoignables et qui forment pourtant un tout inédit, un improbable récit plein de mystère, par moment une inquiétante fantasmagorie, parfois au contraire étonnamment terre-à-terre. Le plus fou n’est pas seulement que le résultat soit cohérent, c’est que cet élégant slalom narratif forme un tout émouvant. Bientôt les jours heureux raconte une vraie histoire d’amour, dont les protagonistes se rencontrent, se retrouvent et tombe amoureux malgré les plus infranchissables des obstacles : le temps, les dimensions (on pourrait presque dire malgré les genres cinématographiques-mêmes). Alessandro Comodin réussit là une stupéfiante séance d’hypnose, théorique et poignante à la fois.

par Nicolas Bardot

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