Festival Cinéma du réel: Bestiaire
Au rythme des saisons, des hommes et des animaux semblent s'épier. Bestiaire est une exploration silencieuse d'éléments entrechoqués, tranquilles et indéfinissables.
L’ŒIL SAUVAGE
Présenté au Festival Cinéma du réel, Bestiaire, documentaire du Canadien Denis Côté, est un peu l'anti-Les Enfants du Soleil, sélectionné dans la même manifestation. Les deux proposent l'observation muette d'un sujet pas comme les autres (un vieux marginal vivant sur l'eau dans l'un, diverses bestioles dans l'autre). Mais le regard est, lui, très différent. Si la caméra de Yoichiro Okutani s'acharne à rester en retrait, le cadre de Côté se voit tout le temps. La bizarrerie de ce qu'on contemple, ça n'est pas vraiment celle des cornes de bêtes qui s'entrechoquent ou d'un fauve alangui. Denis Côté accumule décadrages (sur un œil d'autruche), gros plans (sur des moustaches de tigre), compositions acrobatiques de ses images. Et l'on finit par ne plus regarder ses bêtes mais juste ressentir la présence écrasante de la caméra. La question du regard était un point de départ intéressant, piste lancée dès les premiers plans du film où des humains crayonnaient la biche empaillée posée devant eux. Mais, si Bestiaire reste une petite curiosité (parfois drôle - cette image étonnante, après avoir observé tant d'animaux et d'humains, d'un homme déguisé en mascotte animalière), le film (comme Curling, précédent long métrage de Côté) donne surtout un sentiment d'artifice.