Berberian Sound Studio
Royaume-Uni, 2012
De Peter Strickland
Scénario : Peter Strickland
Avec : Toby Jones
Durée : 1h32
Sortie : 03/04/2013
1976 : Berberian Sound Studio est l'un des studios de postproduction les moins chers et les plus miteux d'Italie. Seuls les films d'horreur les plus sordides y font appel pour le montage et le mixage de leur bande sonore. Gilderoy, un ingénieur du son naïf et introverti tout droit débarqué d'Angleterre, est chargé d'orchestrer le mixage du dernier film de Santini, le maestro de l'horreur. Laissant derrière lui l'atmosphère bon enfant du documentaire britannique, Gilderoy se retrouve plongé dans l'univers inconnu des films d'exploitation, pris dans un milieu hostile, entre actrices grinçantes, techniciens capricieux et bureaucrates récalcitrants. À mesure que les actrices se succèdent pour enregistrer une litanie de hurlements stridents, et que d'innocents légumes périssent sous les coups répétés de couteaux et de machettes destinés aux bruitages, Gilderoy doit affronter ses propres démons afin de ne pas sombrer…
CINEMA INFERNO
Berberian Sound Studio, nouveau film du Britannique Peter Strickland (Katalin Varga) promène sa petite réputation depuis quelques mois. Le film raconte les turpitudes d'un ingénieur du son travaillant dans un studio italien spécialisé dans le cinéma d'horreur. Hommage au giallo ? Clin d'œil à Blow Out ? Conte de cinéma ? Berberian Sound Studio reste assez vague et mystérieux pour qu'on y projette ce qu'on veut. Mais ces interprétations peuvent aussi sembler excessives. Berberian Sound Studio surprend car il est à la fois plus simple et plus expérimental qu'il n'en a l'air. Le film de Strickland passe son temps , dans un demi-sommeil, à faire tourner en boucle la même séquence, ou presque. Des silences perpétuellement déchirés par des cris répétés, jusqu'à une espèce de transe étrange, une musique faite de hurlements et de pauses. Dans un mouvement assez classique, vie et art se confondent et Gilderoy (interprété par Toby Jones) est de plus en plus troublé.
Quelques séquences de Berberian Sound Studio marchent comme de purs moments de fantastique, là où les repères se perdent entre songe et réalité, écran et studio. Visuellement splendide, le film offre quelques vrais moments de malaise, jouant simplement sur la lumière, l'attente - le gouffre au bord duquel Gilderoy se penche devient le notre. Mais l'exercice répétitif, doublé d'une certaine roublardise, limite la portée de cet étrange objet. Peter Strickland a du talent mais lorsque vient le générique, il reste de Berberian Sound Studio un sentiment d'inachevé.