Bénarès
, 2006
De Barlen Pyamootoo
Scénario : Barlen Pyamootoo
Avec : Jérôme Boulle, Danielle Dalbret, Sandra Faro, Davidsen Kamanah, Vanessa Li Lun Yuk, Kristeven Mootien
Durée : 1h20
Sortie : 29/03/2006
"Hier soir j'ai gagné deux mille roupies aux cartes, dit Mayi, j'aimerais qu'on ramène chacun une femme à la maison." Tel est le point de départ d'une odyssée à travers l'île Maurice, où l'on suit, l'espace d'une seule nuit, la quête d'amour de deux jeunes Mauriciens et d'un vieux chauffeur désenchanté.
C'EST ENCORE LOIN?
Bien sûr, il y a la langueur insulaire, la chaleur qui creuse les épaules, comme une charge perpétuelle, démarche alourdie, errance plombée. Bien sûr, il y a les paysages, le patient déroulé des terres intérieures, loin des côtes à vacanciers et des cartes postales. Bien sûr, il y a la guimbarde, le trio improbable à son bord et puis la mère maquerelle et ses jolies putains. Là se tisse l'ambition du premier film mauricien de l'Histoire du cinéma, qui, bien encombré de cette singularité nécessitant mise en place d'identité, prend le pli anti-touristique de la virée chez l'habitant. Et se réclame dès lors d'une tradition nonchalante du road-movie alangui – "c'est encore plus étrange que le paradis", nous dit-on, et suivez mon regard… Alors Pyamootoo compose; il veut mettre l'ambiance, déposant çà et là fausses péripéties (eh, là-bas, ce serait pas…? ah non…) et blablas aphoristiques, sur l'entêtante, sinon prise de tête, partoche jazz d'Ernest Wiehe. La sauce aimerait prendre, la mayonnaise monter. On se souvient qu'en Argentine, le héros de Los Muertos remontait, mutique, un fleuve sauvage, en compagnie d'une bique et d'un essaim d'abeilles. La chose était sublime, méticuleuse, assomptionniste. Mais la route de Bénarès, ce faux plat bavard où le geste est plan-plan et l'exotisme rasoir – cette route, donc, est si longue et monotone, qu'on en oublie les "bien sûr", pour s'endormir au volant.