Bellflower
États-Unis, 2011
De Evan Glodell
Scénario : Evan Glodell
Avec : Evan Glodell
Durée : 1h46
Sortie : 21/03/2012
Deux amis se préparent à une apocalypse nucléaire en construisant armes et véhicules de destruction. Mais une fille va venir tout perturber…
LE PLUS BEAU DU QUARTIER
Bellflower est le premier long métrage de l'Américain Evan Glodell qui y occupe à peu près tous les postes: réalisateur, scénariste, acteur, monteur, producteur, il a même dit-on construit les lance-flammes d'un film inspiré de sa propre vie. Glodell, nouvelle petite merveille du cinéma indépendant américain? Bellflower fait illusion pendant un long moment, racontant de façon très singulière une énième déception amoureuse. Woodrow rencontre Milly, croisement roots entre Marlène et Sanna Nielsen, tombe amoureux. Elle prévient que ça va mal tourner, et elle a raison. Nostalgie passée au filtre Hipstamatic, l'image elle-même se tourne vers le passé, rayures et salissures artificiellement ajoutées, comme sur une bobine qu'on aurait retrouvée oubliée dans une vieille cave. Cette nostalgie, au-delà de celle ressentie par le héros, devient alors une nostalgie de cinéma, regard dans le rétro d'une Amérique devenue mythique et que l'on traverse sur des routes pleines de poussière, parsemées de motels sur les parkings desquels on dégueule le pain de viande à peine avalé. Bellflower capture avec un certain talent cette atmosphère-là, même si le film menace en permanence de plier sous le poids de ses mille afféteries formelles.
Bellflower est l'œuvre d'un homme orchestre, et c'est aussi un film un peu autiste. Renfermé sur lui-même, sans respiration, fonçant tête baissée d'un bout à l'autre. Lorsque les personnages se cassent et que le film se raccroche à ses effets de mise en scène pour combler les faiblesses d'écriture, Bellflower tourne parfois au toc, à l'esbroufe, l'impression que le réalisateur bande son biceps pour qu'on vienne le lui tâter. La démonstration, par manque d'humilité et de nuances, devient agaçante, à l'image des différentes pirouettes de la dernière partie. Bellflower devient un film cool, trop cool, super cool, l'un des personnages n'a d'ailleurs, en fin de compte, que ce mot à la bouche lorsqu'il console son pote. Les dudes de Bellflower sont ultimement cool, les spectateurs mâles du même âge qui auraient connu une déception amoureuse n'auront aucun problème à se projeter dans ce reflet confortable de coolitude trop cool. Les nuances entre introspection et nombrilisme sont balayées. Bellflower fait preuve de solides qualités, mais on espère qu'après ce premier essai viendra un cinéma un peu moins replié.