Beaufort
Israël, 2007
De Joseph Cedar
Scénario : Ron Leshem
Avec : Oshri Cohen, Eli Eltonyo, Arthur Faradjev, Ohad Knollfer, Itay Tiran, Itay Turgeman
Durée : 2h05
Sortie : 26/03/2008
Dans une petite enclave au cœur du territoire ennemi, situé dans la cour d’une ancienne forteresse datant des Croisades, se trouve le poste Beaufort. Le symbole de l’occupation israélienne au Liban. Le film retrace les dernières semaines des soldats en poste avant leur retour au pays. Pour ceux qui auront survécu...
WHAT IS A HUMAN LIFE WORTH?
Au cours de la guerre civile au Liban, l’OLP contrôlait la montagne sur laquelle est perché Beaufort, dans le sud du pays. Mais le 6 juin 1982 les Israéliens en prirent possession au cours d’une bataille qui signa le déclenchement de la première guerre du Liban; celle-ci durera dix-huit longues années. Le 24 mai 2000, Israel se retire du Liban et fait sauter Beaufort avec six tonnes d’explosifs. Joseph Cedar s’est intéressé à ces derniers moments d’occupation. Beaufort n’est pas un film de guerre au sens commun du terme mais plus un film sur une retraite annoncée. Il se concentre sur le quotidien de la vie dans le fort - celui-ci est une vraie forteresse de béton, constitué de longs tunnels, un véritable labyrinthe. L'ennemi est invisible, qui inlassablement largue des bombes, car l’essentiel est ailleurs. Il est sur le visage de ces soldats qui attendent de pouvoir rentrer à la maison. Sur la peur palpable et paralysante d’être le suivant à avoir le corps déchiqueté lors de la prochaîne offensive, car il y en a toujours une autre. Un huis clos qui tourne à la claustrophobie, à la frustration mais qui démontre surtout la futilité de l’exercice. Ainsi, le seul rôle de ces soldats était de rester en vie en attendant l’ordre d’évacuer les lieux. Les nombreuses pertes humaines ponctuant le cours du fim prenant un goût des plus amers. Joseph Cedar est un ancien soldat de l’armée israélienne. Il a été en poste au Liban et a vécu la perte d’amis au cours d’opérations. Son film est non seulement tiré de faits historiques mais aussi de son expérience militaire. Beaufort est un film brutal servi par des personnages attachants (ce qui n’a pas pour but de placer les soldats israéliens en position de victimes) et une musique aux notes atmosphériques en symbiose parfaite avec les images. Le parallèle avec la deuxième guerre du Liban de 2006 est inévitable et il ne s’agit pas ici d’être pour ou contre la guerre mais juste de prouver, une fois de plus, qu’elle est un mal inutile.