Barrage
Luxembourg, 2017
De Laura Schroeder
Avec : Lolita Chammah, Isabelle Huppert
Durée : 1h52
Sortie : 19/07/2017
Catherine, jeune femme de trente ans, revient s’installer au Luxembourg pour renouer avec sa fille Alba qu’elle avait confiée à sa mère Élisabeth dix ans plus tôt. Alba, est froide et distante avec cette étrangère qui réapparaît dans sa vie et résiste farouchement à ses tentatives de rapprochement...
PIÈGE EN EAUX TROUBLES
Barrage est le second long métrage d'une jeune réalisatrice luxembourgeoise, Laura Schroeder, après un film familial (Die Schatzritter und das Geheimnis von Melusina) d'un tout autre registre. S'il est question de famille dans Barrage, le film s'adresse à un autre public. Barrage raconte un lien mère-fille toxique, tout en déjouant les attentes du genre chéri et très codé qu'est celui dit de la "maman zinzin". Il le déjoue déjà par son sens du casting: ce n'est pas Isabelle Huppert qui jouera la mère empoisonneuse (quoique) mais... sa fille, Lolita Chammah. C'est un film de mère zinzin, mais où la mère est la fille. Vous nous suivez ?
Catherine (Chammah, bien employée) retrouve sa fille (la jeune Themis Pauwels, très convaincante) qu'elle a délaissée et qui a été élevée par sa grand mère (Huppert). Peu à peu, le malaise s'installe dans cette relation qui a, semble t-il, eu le temps de pourrir. Schroeder et sa co-scénariste, l'écrivaine Marie Nimier, laissent suffisamment de place à l'ellipse - et suffisamment de place à l’ambiguïté. Barrage évoque quelque peu le superbe Queen of Earth d'Alex Ross Perry : cette façon de capturer un décor mi-bucolique mi-glauque, son étrange tension, son côté hanté - les fantômes peuvent tout à fait y surgir. Dans Barrage, on ne se débarrasse pas du mal-être comme on jetterait des antidépresseurs aux toilettes. Le film impose un ton à part, renforcé par le travail pictural de Hélène Louvart qui rappelle l'étrangeté poétique des Merveilles d'Alice Rohrwacher dont elle avait déjà signé la photographie. Voici une surprenante découverte, plus curieuse qu'il n'y paraît.