Bambi
 |
 |
 |
 |
 |
Notez ce film |
Portrait de Bambi, née dans la banlieue d'Alger en 1935. Elle s'appelait alors Jean-Pierre. Devenue une vedette de music-hall, elle a aujourd'hui 77 ans.
LA FEMME INVISIBLE
Sébastien Lifshitz, après une période de creux de presque dix ans (Plein sud, réalisé en 2008, était passé inaperçu), a fait un retour remarqué avec le succès surprise de son documentaire, Les Invisibles. Sorti l'automne dernier, le film faisait le portrait croisé d'homosexuels nés dans l'entre deux-guerres, des invisibles mis aujourd'hui sous la lumière de la caméra de Lifshitz. Bambi poursuit en quelque sorte le geste des Invisibles en faisant témoigner une autre invisible d'hier. Le principe est à la fois le même tout en étant plus épuré par rapport aux Invisibles: le film est deux fois plus court et se concentre sur Bambi là où le précédent documentaire de Lifshitz s'affaiblissait un peu en se dispersant ou se répétant. Les Invisibles, malgré son sujet propice à l'indignation, ne donnait pas dans l'édifiant. Pour Bambi, même constat: "il n'y a rien à comprendre" dit elle-même l'héroïne admirable de ce documentaire. Malgré la citation d'un reportage d'époque où l'on qualifie les travestis de personnes "sans assise morale solide", où l'on parle d'aversion monstrueuse, où l'on invoque évidemment le secours dont ils auraient besoin. Bambi n'a besoin d'aucun secours. Lifshitz observe cette frêle vieille dame de 77 ans, délicate, distinguée, spirituelle, forte comme mille rocs, abattre tous les murs qui se sont dressés devant elle. Tenir le volant dans les secousses d'auto-tamponneuses. En simplifiant la démarche des Invisibles, Sébastien Lifshitz fait encore plus puissant, encore plus poignant. Le destin de Bambi est incroyable de A à Z, nul besoin de le dramatiser. Lifshitz a l'humilité et l'intelligence de l'écouter.
