Balzac et la petite tailleuse chinoise

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Balzac et la petite tailleuse chinoise
Chine, République populaire de, 2002
De Dai Sijie
Scénario : Nadine Perront, Dai Sijie
Avec : Kun Chen, Ye Liu, Zhou Xun
Durée : 1h55
Sortie : 09/10/2002

Note FilmDeCulte :

Lors de la Révolution Culturelle, deux jeunes chinois lettrés sont envoyés à la campagne. Ils tombent amoureux de la jeune fille du tailleur et trompent leur ennui avec les chefs d'oeuvre de la littérature française.

Adaptation sur grand écran d'un best-seller, Balzac et la petite tailleuse chinoise est un petit film inoffensif, illuminé par le visage de porcelaine de la douce Zhou Xun (Suzhou River). L'écrivain chinois de langue française Dai Sijie n'a laissé à personne le soin de mettre en image la rééducation très autobiographique de deux jeunes lettrés contraints et forcés de vivre dans un village agricole, perché sur une montagne ancestrale. Les premières scènes sont très réussies. En quelques plans, Dai Sijie nous transporte dans la Chine maoïste de la révolution culturelle des années 1970. Chaque détail témoigne de sa sincérité.

Ce prégnant parfum de réalisme rend crédible le début des aventures de Dai et Luo, fils de médecins exilés dans un environnement méconnu et hostile. Les anecdotes sont savoureuses. Un réveille-matin devient ainsi une source de curiosité inépuisable, la grippe se guérit avec vingt coups de fouet, le meunier connaît par cœur des chansons paillardes interdites. A cette réjouissante description de la vie quotidienne d'une communauté montagnarde se juxtapose une histoire d'amour beaucoup plus classique. Un trio amoureux se met en place comme dans tout mélo sirupeux, avec en son centre, la femme fatale dont tombent amoureux les deux tourtereaux. Dai Sijie évite l'écueil de la trahison sentimentale mais plombe sa romance sous d’épais clichés. Roucoulades dans l'herbe, baignades sensuelles, disputes avec la belle famille, passage obligatoire à l'hôpital: rien ne nous sera épargné.

Plus dommageable, l'écrivain cinéaste ne parvient jamais à communiquer son amour pour la littérature occidentale. Pour Dai et Luo, lire est un acte de résistance face à l'oppression, une fuite romantique dans des mondes imaginaires et interdits. Cet enjeu magnifique, qui aurait pu transformer le film en quête philosophique, en redéfinition de l'art comme langage universel, est esquissé avec maladresse. Les longues scènes de lecture se succèdent. Malgré l'exaltation des personnages pour les grands classiques de Flaubert ou Maupassant, on demeure à l'écart, distant, étranger à cette passion qui paraît artificielle à l'écran. L'échec du film est donc patent. Malgré le dépaysement, Balzac et la petite tailleuse chinoise tient de l'illustration mièvre et ne suscite au mieux qu'un intérêt poli.