Ballast
États-Unis, 1970
De Lance Hammer
Scénario : Lance Hammer
Avec : Johnny McPhail, Tarra Riggs, Jim Myron Ross, Michael Smith Jr.
Photo : Lol Crawley
Durée : 1h36
Sortie : 30/11/1999
Lawrence est prostré, silencieux. Dans la pièce d’à côté, son frère Darrius gît sur son lit, mort. James est un adolescent livré à lui-même dans la campagne du Delta du Mississipi alors que sa mère, Marlee, se tue à la tâche pour joindre les deux bouts. Après une violente incartade avec des dealers locaux, Marlee décide de prendre James et de s’installer sur la propriété de Lawrence, dont elle réclame la moitié.
NOIR C’EST ENCORE PLUS NOIR
Ballast est un film abrupte et austère, reflet de la plaine du Delta du Mississipi où il a été tourné. Lance Hammer a opté pour une lumière naturelle et des acteurs débutants pour un message qu’il fait passer plus par les images que par les rares dialogues du film. La musique est aussi absente du métrage afin de respecter le silence qui règne dans cette partie du monde. C’est un film brut, racontant un drame humain dans toute sa vérité, provoquant ainsi un inconfort revendiqué chez le spectateur. L’intrigue prend son temps pour se dévoiler et, avec elle, les liens qui unissent les personnages. Une prise de risque que le réalisateur américain justifie avec cette phrase : « Nous avons des cerveaux, c’est pour nous en servir. » Le ciel est gris, bas, lourd, oppressant, les plaines vides s’étendent aussi loin que les yeux portent, alors que la boue et l’humidité collent aux personnages. Aucune trace d’espoir ici bas. Le paysage et l’humeur des personnages se confondent dans la noirceur. La caméra est à l’épaule et en constant mouvement avec ces personnages afin de saisir l’immédiateté de l’action qui se déroule. Le caméraman Lol Crawley a fait un prodigieux travail sur la profondeur de champ de ses plans, donnant un sens au terme flou dramatique. Les acteurs, tous non-professionnels et recrutés sur place, ajoutent une touche d’authenticité supplémentaire à l’œuvre. Ballast est un film trop extrême dans sa narration et son intrigue pour faire l’unanimité et, s’il devrait récolter des louanges de la critique, ne pouvait traiter d’un sujet moins commercial, laissant ainsi d’avance plus d’un spectateur sur le bas-côté. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des réalisateurs assez courageux pour revendiquer une idée du cinéma qui se situe hors des sentiers battus et donc des tiroirs-caisses.