La Ballade de Genesis et Lady Jaye

La Ballade de Genesis et Lady Jaye
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Ballade de Genesis et Lady Jaye (La)
Ballad of Genesis and Lady Jaye (The)
États-Unis, 2011
De Marie Losier
Avec : Genesis Breyer P-Orridge
Photo : Marie Losier
Durée : 1h12
Sortie : 26/10/2011
Note FilmDeCulte : **----
  • La Ballade de Genesis et Lady Jaye
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Portrait de l’artiste et performeur transgenre Genesis P-Orridge, qui s’est métamorphosé au cours des ans pour ressembler à sa blonde moitié, Lady Jaye. Artiste majeur de la scène avant-gardiste new yorkaise de ces 30 dernières années, considéré comme le père de la musique industrielle, Genesis défie les limites de l’art et de la biologie avec son projet clé « Créer le Pandrogyne » où il tente à la suite de nombreuses opérations chirurgicales de ressembler au plus près à l’amour de sa vie et sa partenaire artistique, Lady Jaye (née Jacqueline Breyer). Mêlant archives personnelles et home movies, Marie Losier filme cet acte ultime de dévotion, performance risquée et ambitieuse mais avant tout déclaration d’amour d’un nouveau genre entre deux personnalités hors-normes, violemment interrompu par le décès de Lady Jaye en 2007.

BODY ART

Qu’est ce qui fait un bon documentaire : un sujet passionnant ? Du didactisme pour le rendre clair et accessible ? Qu’est-ce qui différencie un documentaire de cinéma d’un reportage ? Qu’est ce qui différencie un documentaire d’un exposé ? Toutes ces questions mériteraient chacune de longs débats et des réponses précises. On se contentera de donner ici un résumé de notre point de vue : un documentaire n’est pas un exposé, un sujet doit être accompagné et/ou transcendé par la vision du réalisateur. Face à La Ballade de Genesis et Lady Jaye, premier long-métrage de la réalisatrice française Marie Losier, on a d’abord du mal à cerner précisément le sujet. Il faut dire que résumé de présentation officielle, soit dit entre parenthèses, met quelque peu sur une fausse piste en plaçant à priori la question du body art au cœur du film. Or s’il s’agit effectivement d’un des sujets traités, ce n’en est pas le principal, loin de là. Dommage d’ailleurs, car le projet de Pandrogyne, très fort, aurait mérité un documentaire à lui tout seul. La Ballade… est plutôt un portrait, portrait d’un être transgenre hors du commun, portrait d’une histoire d’amour, portrait d’une époque, portrait d’un mode de vie alternatif et poly-artistique, etc.

Le performeur Genesis P-Orridge raconte à la caméra sa rencontre et son histoire d’amour avec Lady Jaye, et la réalisatrice les suit dans leur projet sur une très longue période (le tournage s’est étalé sur sept ans). Bien que le documentaire se termine de manière assez logique sur la mort de Lady Jaye, leur histoire n’est pas traitée de manière chronologique, et il n’y a du coup pas vraiment d’évolution dans le déroulement du documentaire. On se retrouve avec l’impression que le film pourrait tout aussi bien durer 6 minutes que 3h et qu’il raconterait au final la même chose. Mais là où cela coince le plus, c’est qu’il semble manquer à La Ballade… un véritable point de vue sur son sujet. Quel est le rapport de la réalisatrice avec ce qu’elle filme ? On a la nette impression d’être uniquement face à un sujet, à un exposé, et non pas à une œuvre personnelle de cinéaste. D’où un ennui poli devant le film qui défile à une trop grande distance de ses spectateurs (les personnages ont beau se déclarer fous amoureux, cette passion n’est jamais montrée, ou donnée à ressentir véritablement).

Reste la peinture lente mais affectueuse d’un groupe d’artistes qui semble vivre complètement hors du monde, dans une sorte d’utopie arty et transgenre obéissant à ses propres règles et complètement déconnectée de la société contemporaine. On frôle d’ailleurs parfois la caricature (la scène où Genesis joue du violon dans des bulles avec un petit vieux devant un champignon lumineux semble presque sortie d’Absolutely Fabulous). A tel point qu’on jurerait voir un documentaire sur les mouvements underground et contestataires des années 70. Ce n’est que lorsque débarque à l’écran la chanteuse Peaches qu’on se rend compte du décalage de tout cela avec son époque, qui donne in fine au film un aspect nostalgique plutôt inattendu.

par Gregory Coutaut

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