The Bacchus Lady
Jug-yeo-ju-neun Yeo-ja
Corée du Sud, 2016
De J-yong E
Scénario : J-yong E
Avec : Yun Yeo-Jung
Durée : 1h50
Sortie : 01/08/2018
So-young, est une dame âgée qui, faute d’une retraite suffisante, doit arrondir ses fins de mois en devenant une “Bacchus Lady”, terme élégant pour désigner une prostituée. Ses clients se font rares. Ses habitués prennent de l’âge, comme elle, et sont confrontés à d’autres problèmes liés à la sénescence (cancer, maladie d’Alzheimer, sentiment de profonde solitude…). Ses conditions de travail devenues difficiles, mais aussi sa rencontre avec une vielle amie, et l’irruption inattendue d’un petit garçon dans sa vie – un Philippin dont la mère effectue un court séjour en maison d’arrêt – vont l’obliger à réfléchir à son avenir et à certaines options professionnelles qui s’offrent à elle.
GOLDEN LADY
Le réalisateur coréen E J-Yong n'est pas un nouveau venu (son premier long métrage date de la fin des années 90) mais reste relativement inconnu en France. Dans The Bacchus Lady, la star est surtout l'actrice: l'excellente Youn Yuh-Jung qu'on a pu voir notamment dans de croustillants seconds rôles chez Im Sang-Soo (The Housemaid, L'Ivresse de l'argent), chez Hong Sang-Soo (Hill of Freedom, HaHaHa) mais aussi en partenaire de cellule de Bae Doo-Na dans la série des Wachowski Sense8. Elle est l'actrice rêvée pour ce rôle : charismatique sans avoir à cabotiner, attachante sans être trop lisse. Et lorsqu'on lui fait dire des répliques comme "M'appelle pas mamie, mon vagin est toujours jeune !", le plaisir est évidemment au rendez-vous.
E J-Yong n'édulcore pas trop le quotidien de cette femme âgée, contrainte à gagner sa vie en se prostituant dans ce parc dédié aux femmes galantes qui ne sont pas nées dans les années 90. Mais son quotidien reste souvent traité sur le ton de la comédie mi-douce-amère mi-crue : lorsque l'héroïne sort son gel, on ne perdra rien de ses pouics bien sonores. Ce mélange de légèreté et de gauloiserie, c'est ce que The Bacchus Lady fait de mieux. Le musique qui accompagne d'abord le tapin n'est pas là pour rendre sympathique la vie un peu sordide de cette vieille dame : elle est utilisée en contrepoint et offre un peu d'air au drame. E J-Yong a malheureusement la main lourde avec ses rebondissements über-mélodramatiques qui semblent tous forcés, comme s'il s'agissait d'une obligation contractuelle d'un certain cinéma coréen. Le film n'est pas non plus rehaussé par une image assez plate. Pourtant, il reste en tête un traitement décomplexé de cette faune de marginaux, avec ce portrait d'une famille reconstituée dénué de toute condescendance mielleuse.