Baby Factory

Baby Factory
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Baby Factory
Bahay bata
Philippines, 2012
De Eduardo Roy Jr.
Scénario : Eduardo Roy Jr.
Durée : 1h34
Note FilmDeCulte : *****-
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Sarah est infirmière dans la maternité d’un centre hospitalier public. Comme l’établissement manque de personnel en cette période de Noël, elle doit travailler deux fois plus. Les infrastructures sont surchargées : deux mères et leurs nouveau-nés doivent partager le même lit alors que s’entassent dans les couloirs des femmes sur le point d’accoucher. Sarah fait face à cette situation avec sérénité, générosité et dévouement, arrivant même à en oublier ses propres souffrances personnelles.

UNIVERSAL MOTHER

A l'image de son titre qui mélange dureté et tendresse à l'oreille, Baby Factory est un film qui n'a pas peur de mélanger les registres, un film bienveillant mais pas tranquille pour autant. Une oxymore en apparence, mais qui est bel et bien rendue vivante à l'écran. Ce n'est pas la qualité qui saute aux yeux en premier (il y en a d'autres), mais elle mérite que l'on commence justement par ce point, car faire cohabiter ces deux registres contradictoires avec un tel succès relève presque du tour de force. Baby Factory est ce qu'il est convenu d'appeler une "plongée" dans un univers ; en l'occurrence le service des naissances du plus gros hôpital de Manille, où naissent à la chaine une bonne centaine de poupons par jour. Le rythme effréné de cette fourmilière embarque immédiatement la caméra et le spectateur avec, mais ce qui impressionne le plus, c'est cette frontière entre fiction et documentaire rendue complètement floue, obsolète. Chorégraphie de naissances savamment orchestrée par des figurants ? Instants volés à des gamines de treize ans même pas étonnées de devenir mère ? L'absence de réponse claire fait froid dans le dos.

Car Baby Factory parle évidemment moins de bambins que des femmes qui les entourent (mères, docteurs, policières...) et de la violence qui les entoure. Une violence parfois physique (douleur de l'accouchement) mais souvent plus insidieuse (solitude, stress...). Eduardo Roy Jr filme un univers presque sans hommes, qui fonctionne à plein régime mais semble surtout au bord de l'implosion permanente. Et pourtant, s'il ne prend effectivement rien à la légère, Baby Factory n'est jamais étouffant. Roy vient de la télé, plus précisément du soap opera, et en adoptant la structure éclatée et multi-personnages de la telenovela , il n'en retient que le meilleur en évitant sa caricature, c'est à dire sans jamais verser dans le mélo ou l'hystérie. En quelques scènes à peine, chaque personnage est bien vivant, crédible, touchant. Élément-clé indispensable pour dépeindre cette souffrance générale, mais aussi son pendant positif : l'entraide. Et Baby factory filme autant l'un que l'autre.

Aux premiers abords, le long métrage pourrait passer pour un pur exercice de mise en scène. Or cela ne doit pas éclipser sa qualité première : l'écriture. Car c'est bien de là que découlent les éclatantes qualités du film. Cette caméra à l'épaule au cœur du chaos n'est évidemment pas sans rappeler les superbes films de Brillante Mendoza. Or si Eduardo Roy Jr a bien suivi une formation, ce n'est pas auprès de Mendoza mais du scénariste de celui-ci. Une nuance qui en dit long. Roy se montre à la hauteur de la référence. Et pour le coup, il fait preuve pour son premier film de plus de maitrise que son compatriote lors de ses tout premiers essais (Le Masseur). De quoi rendre très curieux sur la suite de carrière de ce réalisateur à suivre.

par Gregory Coutaut

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