Avocat de la terreur (L')
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France, 2007
De Barbet Schroeder
Durée : 2h15
Sortie : 06/06/2007
Communiste, anticolonialiste, d’extrême droite? Quelle conviction guide Jacques Vergès? Barbet Schroeder mène l’enquête pour élucider le "mystère".
ARRETE-MOI SI TU PEUX
Le cinéaste français d’origine suisse Barbet Schroeder a toujours été fasciné par les tyrans et les maîtres du mal, les manipulateurs et les puissants. D’Idi Amin Dada, son documentaire sur le dictateur génocidaire ougandais au Mystère Von Bulow, l’auteur de More s’est frotté de près à la face sombre de l’âme humaine. En réalisant le portrait de Jacques Vergès, star des prétoires et du battage médiatique, défenseur de l’opprimé et du terroriste, Schroeder fait aussi l’autopsie de sa propre jeunesse idéologique et de la dérive des mouvements décolonisateurs vers la lutte armée. Passionnant, L’Avocat de la terreur suit la trajectoire de Jacques Vergès, enfant du siècle au verbe fort et à la carapace solide. L’homme de loi (sic) aime les médias et devait jubiler en son fort intérieur d’être au centre d’un documentaire consacré à sa vie et à son œuvre. Le travail d’enquête a été colossal. Images d’archives de la Guerre d’Algérie ou de la prise d’otages à Munich, entretiens avec des terroristes repentis, visites aux anciens génocidaires khmers rouge, L’Avocat de la terreur raconte l’histoire du monde par le biais d’un montage particulièrement efficace.
CHACAL AVEC LE CHACAL
Jacques Vergès étant presque un personnage de fiction tellement il traverse les péripéties et les moments chauds avec flegme, Barbet Schroeder filme sa vie comme une fresque historique avec trois périodes bien distinctes. Le combat de l’avocat pour Djamila Bouhired, poseuse de bombes du Front de Libération Nationale, condamnée à mort par la justice française, dont il deviendra l’époux, lance le récit sur une dimension sentimentale et héroïque. Puis vient l’éclipse (1970-1978), huit longues années d’absence du terrain médiatique. Le film cherche en vain des preuves pouvant réfuter ou affirmer telle ou telle thèse. Pas de scoop à attendre du long métrage, Jacques Vergès gardant le silence sur cette période de sa vie. La troisième partie de sa vie et de L’Avocat de la terreur épouse des défis égocentriques beaucoup plus troubles, de la défense du terroriste Carlos à ses liens avec l’extrême droite pro-Palestinienne. Le documentaire de Barbet Schroeder manque peut-être un peu de pédagogie avec le refus d’un recours à la voix-off pour expliquer les tenants et les aboutissants des faits relatés. En donnant la parole à Maître Vergès, il accepte en revanche la contradiction et c’est l’un de ses atouts majeurs. Difficile de ne pas être passionné par la vie de cet homme hors de tout jugement moral.
