Aventures extraordinaires de Michel Strogoff (Les)

Aventures extraordinaires de Michel Strogoff (Les)
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Aventures extraordinaires de Michel Strogoff (Les)
France, 2003
De Alexandre Huchez
Scénario : Quentin Huchez, Alexandre Rodrigues
Durée : 1h27
Sortie : 30/06/2004

Les célèbres aventures du jeune capitaine russe, dans la Sibérie envahie par les Tartares.

VAILLANT MICHEL

"Il va falloir être très courageux, comme Michel Vaillant… heu… Michel Strogoff!". Conseil-lapsus stratégique d’un père à sa progéniture, avant-séance. Conseil d’aruspice, itou. Peut-être qu’à trop fixer l’affiche, farcie de couleurs saturées, de héros blonds comme les blés et aux regards bleu croupi, de méchants ébouriffés sourcils froncés ("ils ont l’air vraiment méchants", souligneront les dialogues) et de laides souris espiègles, s’éveille-t-on à une prescience inédite, de cette capacité divinatoire cinéphile dont rêvent tous les critiques flemmards. Ne nous empressons toutefois pas d’ériger des statues en l’honneur de notre pythie familias: le cas des Aventures extraordinaires (et hyperboliques!) de Michel Strogoff ne laissait tout de même pas proie à grand doute. Le character design, vidé de toute personnalité et surgi d’un autre temps, renseignait déjà suffisamment quant au peu d’ambition de l’entreprise des frères Huchez. Quant à adapter Verne, on sait l’exercice hautement casse-gueule. Quoique faisable: se souvenir de l’excellente série animée dérivée du Tour du monde en 80 jours. Seulement, la faible inspiration française fait peine à voir, face à l’inspirée alliance hispano-japonaise qui donna du souffle aux écrits du vieux Jules en 1983. Ici, nulle audace, que du fonctionnel: dessin figuratif, intégration 3D ratée dès que la plus petite difficulté d’animation survient (une porte trop richement décorée? 3D!), décors flous, plans n’excédant pas 10 secondes… Côté scénario, ça pédale dans la semoule: pas de rythme, les conflits vaguement héroïques sont réglés en un rien de temps et n’ont quasiment pas d’incidence sur le bon déroulement de l’histoire (exemple: Michel tue un ours, que le plomb a laissé intact, à mains nues, en ponctuant son magistral coup d’éclat d’un pitoyable: "Pousse-toi!" à l’intention de sa compagne, évidemment mijaurée). Le reste du temps, Michel jauge ses problèmes à la profondeur de sa bourse – apparemment infinie. Compter sur la bande-son pour sauver les meubles est faire preuve de crédulité: outre un doublage réussissant l’exploit de se montrer plus navrant encore que celui de La Prophétie des grenouilles, récent soufflé dégonflé hexagonal, la musique (Michel Barouille, réveille-toi!) et ses beuglements ("Michel Strogooooff!!!") laissent le spectateur dans un désarroi proche du suicide. Comme quoi le "courage" se paye.

par Guillaume Massart

En savoir plus

Si le nom de Bruno-René Huchez ne vous dit rien, sachez cependant que la plupart d’entre nous lui doivent les heures les plus palpitantes de notre enfance télévisuelle. En effet, sans lui, des madeleines pour trentenaires gloubiboulga telles que Goldorak, Capitaine Flam et Albator n’auraient peut-être jamais été importées en nos frontières. Il est également l’instigateur de quelques réussites telles que l’excellente série Moi, Renart. En outre, c’est à Jean-Jacques Debout, Monsieur Capitaine Flam, Les Quatre Filles du Docteur March et Les Trois Mousquetaires, que l’on doit la très faible B.O. du film. Au rayon pipole, enfin, parmi les rangs des pauvres doubleurs, que l’on plaint sincèrement, de ce Michel Strogoff de pacotille, on compte, entre autres, Claire Keim et Anthony Delon.

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