Avengers: Infinity War

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Les Avengers et leurs alliés devront être prêts à tout sacrifier pour neutraliser le redoutable Thanos avant que son attaque éclair ne conduise à la destruction complète de l’univers.

MARVEL : INFINIMENT VIDE

Cela ne frappe pas immédiatement. Pourtant, la toute première séquence est symptomatique de ce qui suivra car...presque chaque scène sera exactement la même, mais ce n'est qu'au bout de deux heures de film, deux heures durant lesquelles on ne s'ennuie pas, et alors qu'il reste encore une demi-heure de film, que le constat s'impose, sans appel : Avengers : Infinity War n'est juste pas intéressant. Techniquement, l'exécution est réussie. Il ne s'agit pas seulement de mise en scène ou de photographie ou d'effets spéciaux mais du calibrage général. La formule Marvel est désormais connue de tous, et ce film ne déroge pas vraiment à la règle, contrairement aux deux précédents films des frères Russo (dont on ne retrouve pas la "patte", que ce soit esthétiquement ou thématiquement) mais tandis que l'on pouvait craindre de retrouver cet humour qui désamorce tout gravitas, il s'insère plutôt correctement cette fois-ci. À une ou deux exceptions près sur 2h30, ce n'est jamais au détriment d'un moment dramatique. À ce titre, quand le film s'engage dans cette voie-là, il s'y dévoue et là aussi, en soi, les scènes entre Gamora et Thanos ou entre Scarlet Witch et Vision sont abouties. Le souci, c'est que quand c'est au service de rien, un film a aussi peu de poids que ses morts de comic book.

Telle blague fait mouche. Telle scène d'action fait son taf. Chaque acteur, notamment ceux que l'on a pas encore trop vu comme Tom Holland ou Benedict Cumberbatch, rappellent à quel point ils sont parfaitement castés. Et les associations de personnages sont bien trouvées pour maximiser la comédie...mais ne sont jamais pensées en termes de dramaturgie. Qu'est-ce que cela apporte de coller ensemble tel et tel personnage, à part des blagues? Rien. Sur ses deux Avengers, certes imparfaits, Joss Whedon avait au moins réussi cela. Dans Infinity War, il y a à peine des personnages. Même ceux qui ne sont pas réduits à de la quasi-figuration (et certains des principaux le sont, comme Captain America ou Black Panther) n'ont pas grand chose à faire à part se battre. En soi, chaque élément "fonctionne". Mais sans dramaturgie, le film se réduit globalement à répéter à l'infini la même scène "Thanos/un des sbires de Thanos vient chercher une des pierres de l'infini, se bat contre un groupe de héros, qui finit par échouer". C'est Justice League en mieux fichu. De temps en temps, le scénario essaie de créer quelque chose autour du personnage de Thanos, parce qu'il serait quand même question de tenir la promesse du post-générique du premier Avengers, sorti il y a 6 ans, tout comme ce dernier avait tenu la promesse du tout premier post-générique, celui d'Iron Man en 2008, mais cet apport est bien trop chétif et bien trop tardif pour convaincre. Le film évoque à plusieurs reprises la notion de sacrifice mais n'a rien à dire dessus, la limitant à une figure récurrente plutôt que d'en faire une vraie thématique traitée. D'aucuns seront sûrement tentés de prétendre que l'on ne peut pas juger le film sans avoir vu la deuxième partie - oui parce que même en 2h30, c'est une moitié d'histoire, comme les derniers Harry Potter/Twilight/Hunger Games - mais un film doit raconter quelque chose et se tenir seul, même s'il se termine sur un cliffhanger.

Par conséquent, il ne reste que le spectacle mais si l'action est sympathique, elle n'offre rien de mémorable, à part peut-être le combat sur Titan (et encore). Que ce soit devant les morceaux de bravoure ou les scènes aspirant à émouvoir, on ne ressent rien. C'est en partie due à l'absence d'enjeux émotionnels (adieu les questionnements sur la responsabilité de L'Ère d'Ultron ou sur l'affect et l'idéologie de Civil War, là ça ne s'appuie sur rien d'humain, c'est globalement "le grand méchant va tuer la moitié de l'univers, on doit l'en empêcher") mais également à des super-pouvoirs de plus en plus omnipotents (l'armure désormais nanotechnologique d'Iron Man en mode Venom peut tout faire, même Spider-Man a son armure mécanique désormais) et qui mène irrémédiablement à des incohérences (la motivation de Thanos à éliminer la moitié de l'univers, c'est la décroissance : il n'y a pas assez de ressources pour tout le monde...mais avec seulement trois des six pierres de l'infini, il a déjà le pouvoir de transformer un couteau en bulles de savon, qu'est-ce qui l'empêche de transformer la poussière en ressources?). En 2012, Avengers, présentant certains des mêmes défauts, jouissait toutefois de la fraîcheur et de l'improbabilité du crossover. Aujourd'hui, il y a plus de personnages, plus de pouvoirs, plus de thunes mais il n'y a plus de surprise.

par Robert Hospyan

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