Assassin's Creed
États-Unis, 2016
De Justin Kurzel
Scénario : Bill Collage, Adam Cooper
Avec : Marion Cotillard, Michael Fassbender, Jeremy Irons, Ariane Labed, Denis Ménochet
Photo : Adam Arkapaw
Musique : Jed Kurzel
Durée : 1h55
Sortie : 21/12/2016
Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle. Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers.
SAUT DANS LE VIDE
Qu'un acteur talentueux s'impliquant dans des films aussi difficiles que Hunger ou Shame choisisse de faire un blockbuster n'a strictement rien d'étonnant. On alterne afin d'être financièrement plus tranquille et libre de faire des films moins grand public. Toutefois, Michael Fassbender a porté ce projet depuis le début, s'attachant au film en tant que producteur, et au vu du résultat, on peine à comprendre ce qui a pu tant le motiver, au point de débaucher tous ses potes de Macbeth. Ceux qui n'ont jamais joué aux jeux vidéos seront étonnés d'apprendre qu'un postulat de science-fiction est à l'origine des aventures situées dans le passé qui font l'identité de la licence. Néanmoins, aficionados comme néophytes ne pourront qu'être choqués et déçus de constater que l'adaptation comporte davantage de scènes dans le présent que dans le passé. Imaginez Inception si on passait 75% du film dans le monde réel?
Pour que cela ait un quelconque intérêt, il faut construire un vrai rapport ténu entre les deux temporalités, comme Matrix ou Avatar, mais les séquences au présent d'Assassin's Creed, en plus de ressembler à n'importe quel film de SF générique tout bleu métallique, passent leur temps à exposer la mythologie en long en large et en travers sans jamais la rendre digeste et si certains aspects ne sont pas inintéressants, tout s'articule autour d'un McGuffin trop inepte pour convaincre. Ce genre d'intrigue sied parfaitement à un jeu vidéo, où il suffit de poser un contexte et quelques enjeux mais dans un film de fiction, dépourvu de l'interactivité inhérente au média original, il est nécessaire de faire plus d'efforts. Malheureusement, au même titre que les pistes thématiques concernant les protagonistes, rien n'est développé et, par conséquent, le film manque cruellement d'incarnation et ce malgré la mise en scène de Kurzel qui retrouve par moments l'atmosphère fiévreuse qui animait Macbeth. Même les scènes d'action se font redondantes (on saute, on poignarde, ctrl+c, ctrl+v), plaçant l'acteur principal dans la même position que le spectateur, celle de quelqu'un qui regarde quelqu'un d'autre jouer à un jeu vidéo.