AsiaWeek: As You Were
Guohui et Peiling se sont connus enfants, puis perdus de vue, avant de vivre ensemble. As You Were se déroule au moment où leur lien se défait, de manière feutrée mais sûre.
THREE TIMES
Le Festival des 3 Continents de Nantes réserve chaque année de belles surprises qui viennent défricher des cinématographies moins exposées. Hormis Eric Khoo (révélé par le sublime Be With Me et réalisateur de My Magic et Tatsumi) et le jeune Anthony Chen (lauréat de la Caméra d'or pour Ilo Ilo), le cinéma de Singapour reste largement méconnu. Liao Jiekai, qui signe ici son second long métrage, s'ajoute à cette courte liste de découvertes singapouriennes. As You Were raconte à trois moments différents l'histoire d'un couple, de l'enfance aux liens qui se défont. Si le jeune réalisateur cite Printemps tardif de Yasujiro Ozu parmi ses influences, on pense souvent en voyant As You Were aux récentes perles du cinéma thaïlandais, malheureusement souvent inédites chez nous. Liao Jiekai partage avec Kongdej Jaturanrasmee (P047), Sivaroj Kongsakul (Eternity) ou encore Nawapol Thamrongrattanarit (36) ce goût pour le jeu narratif et ses enchevêtrements, ainsi qu'un ton d'une douceur hypnotique.
Lorsque le réalisateur filme des buildings, il y a aussi ce rapport sensible à l'architecture high-tech de Hi-So, réalisé là encore par un Thaïlandais (Aditya Assarat). Liao Jiekai n'a peut-être pas encore la maîtrise narrative des autres réalisateurs cités, et le récit de As You Were est parfois plus décousu. Mais il est transpercé d'idées formelles superbes, comme ce plan d'un visage sur lequel se superpose un feu d'artifice, un autre où ciel et mer se confondent en un fondu enchainé. Avec délicatesse, le générique constitué d'images d'archives ouvre ce film gracieux dont on se souviendra.