Armée des morts (L’)
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Dawn of the Dead
États-Unis, 2004
De Zack Snyder
Scénario : James Gunn
Avec : Michael Kelly, Mekhi Phifer, Sarah Polley, Ving Rhames, Jake Weber
Durée : 1h40
Sortie : 30/06/2004
Ce matin-là, tout a changé, sans qu’on ne sache vraiment pourquoi. Les morts-vivants ont envahi la ville et le reste de la population est devenu un immense gibier. Dans un centre commercial, quelques survivants se barricadent. Mais jusqu’à quand?
LE RETOUR DES MORTS VIVANTS
Début 2004, Leatherface et sa petite famille reprenaient du service dans la moiteur de leur Texas infernal. Aujourd’hui, c’est aux zombies de remettre le couvert. Au tournant d’un siècle neuf, Hollywood lorgne avec appétit sur les rugosités 70’s, pour se débarrasser d’une terreur devenue lisse comme un carrelage de cuisine. Le centre commercial de Romero, théâtre de l’horreur consumériste originelle, est désormais accepté comme un simple décor qui prend place dans le paysage aseptisé d’une banlieue aux maisons témoins, et qui va connaître les affres d’une révolution sauvage et bestiale. Deux plans se répondent pour illustrer la vision d’un virus qui inonde à nouveau les veines du genre: d’abord des pavillons en rangées, avec jardins verts et allées lumineuses puis, plus loin, un bus pris à partie par une mer, un océan infini de morts-vivants qui grouillent et bavent en direction de leur repas convoité. Ou comment la jeune fille docile et blondinette, renvoyée à ses tréfonds organiques, peut se transformer en bête assoiffée de sang, et bousculer l’horreur devenue civilisée d’un genre en chaos barbare d’un autre. Là où les gamins ont le foie rongé par des vautours à visage humain au fond d’un bus scolaire, là où les jardins des faubourgs deviennent le terrain de jeu d’un chat perché mortel. Les musiques d’ascenseur tentent alors de maquiller les hurlements du désordre mais peine perdue: l’invasion est déjà en marche…
MAUVAIS SANG
…et les baisers donnés au creux de la nuque sont avant tout les marques d’une rage qui tourne à la folie. Be afraid. Be very afraid. Les temps ont changé et l’Amérique est autre. Lors du générique zapping, une image quasi subliminale vient nourrir cette peur réveillée, morte vivante, de l’étranger et de l’invasion: dans une Mosquée, l’heure est à la prière. On craint les zombies comme l'on redoute cette menace qui vient de loin, qui semble voisine, aussi perturbante qu’un viol - l’image de l’apocalypse sur la route de Sarah Polley en rappelant quelques autres. L’étranger et la paranoïa rouge des années 50 sont transportés dans un autre contexte et reprennent vie sous une peau décharnée. Au jeune Zack Snyder, qui a œuvré par le passé dans la publicité, d’emballer tout cela grâce à une mise en scène nerveuse et percutante, doublée d’un sens visuel affûté. Si l’on excepte un ventre mou frustrant en cœur de film, L’Armée des morts aligne quelques idées bien senties, malines (la communication sur les toits), drolatiques (un Celebrity Death Match inédit) ou charales (avec le recyclage de tronçonneuse), et fournit quelques généreuses poussées de tension (comme une poursuite par talkie walkie interposés du plus bel effet, entre deux galops de morts-vivants). Après l’excellente relecture de Massacre à la tronçonneuse, le remake de Zombie assume la lourde parenté, effrontément, et constitue une jolie réussite.
