Arirang

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Arirang
Corée du Sud, 2011
De Kim Ki-Duk
Scénario : Kim Ki-Duk
Avec : Kim Ki-Duk
Durée : 1h40
Note FilmDeCulte : **----
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Arirang est une histoire dans laquelle Kim Ki-duk joue trois rôles. A travers Arirang, je franchis une colline de ma vie. A travers Arirang, j'essaie de comprendre l'Homme, je remercie la nature et j'accepte ma condition actuelle. De nos jours, entre le monde des hommes, où s'entremêlent des désirs, le monde des fantômes, rempli de chagrin et le monde imaginaire, où se cachent nos rêves, nous devenons fous, sans début ni fin. Qu'est-ce que l'affection, de stagner ici et là dans mon coeur et de pourrir ainsi? Pourquoi reste-t-elle au sommet de ma tête pour questionner mes émotions? Pourquoi se cache-t-elle au fond de mon coeur pour éprouver ma compassion? Quand je n'ouvre pas mon coeur à quelqu'un, je deviens une personne mauvaise et je l’oublie, mais quand je lui ouvre mon coeur, je ne peux jamais le laisser partir, comme un lâche. Ô Arirang. Oui. Entretuons-nous cruellement dans notre coeur jusqu'à la mort. Aujourd'hui aussi, en me contrôlant, je me laisse envahir par la rage, en souriant, je tressaille de jalousie, en aimant, je hais, en pardonnant, je tremble avec une envie de tuer. Attendez voir. Je vais me tuer, moi qui me souviens toujours de vous.

DÉPRIME, A QUOI TU RIMES

Cela faisait trois ans que l’on n’avait plus de nouvelles de Kim Ki-duk, plus de film, pas de projet, pas de signe de vie. A l’échelle d’une vie de Terrence Malick, une broutille, mais pour un cinéaste qui a tourné 16 films en 13 ans, cette absence est comme un gouffre. Kim Ki-duk fait de Arirang son journal intime, filmeur compulsif qui, tel Alain Cavalier filmant les opérations de son nez ou un rouleau de papier toilettes, se regarde construire un abat jour avec un poisson mort, se décoiffer, faire cuire ses nouilles. A l’origine du retrait du cinéaste, on apprend qu’un accident a failli arriver sur Dream, où sa comédienne a manqué de se pendre. Mais le mal semble plus profond chez ce franc-tireur dont la solitude dans une société qu’il ne comprend pas, qui ne le comprend pas non plus, est un des motifs de l’œuvre. La crise artistique et la crise existentielle en un même élan. La sincérité nue du film, ce besoin viscéral de cinéma et de création, jusqu’à l’épilogue où la fiction reprend le dessus dans un débordement schizophrène, ouvrent de belles pistes. Mais, comme l’avoue le cinéaste lui-même, l’éloquence n’est pas son point fort. Difficile alors de sortir indemne de longues séquences masochistes où Kim Ki-duk interviewe Kim Ki-duk dans un interminable flux de palabres pour, bien souvient, ne rien dire. Ses films les plus complaisants sont aussi les plus faibles (violence complaisante de Crocodile ou Bad Guy, complaisance du procédé dans Real Fiction). C’est, au contraire, lorsqu’il met à distance ses démons qu’il signe ses œuvres les plus remarquables, telles L’Ile, Printemps, été, automne, hiver et printemps ou encore Samaria. Complaisant, Arirang l’est certainement, et probablement trop sur 1h40 de plomb. On espère que le geste de Arirang lui sera salvateur, mais cet essai ressemble surtout à une épreuve de force (résister au chant doloriste beuglé pour la 4e fois, par exemple), exercice de fais-moi mal jamais vraiment à la hauteur de ses intentions.

par Nicolas Bardot

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