Argo

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Argo
États-Unis, 2012
De Ben Affleck
Scénario : Chris Terrio
Avec : Ben Affleck, Alan Arkin, Adrienne Barbeau, John Goodman
Photo : Rodrigo Prieto
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 2h00
Sortie : 07/11/2012
Note FilmDeCulte : ****--
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Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Mais au milieu du chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu’il ne pourrait exister qu’au cinéma.

JAMAIS SANS MES OTAGES

Après Gone Baby Gone et The Town, Ben Affleck confirme avec ce troisième long métrage qui témoigne d'un savoir-faire toujours plus efficace à la mise en scène. Même si la forme reste toujours relativement anonyme, effacée ici derrière l'influence des thrillers des années 70. L'ensemble demeure vraiment très bien raconté. Argo, c'est deux heures qui passent à toute vitesse et qui parviennent à gérer des tons assez différents, plusieurs personnages, la distillation nécessaire d'information sur le contexte, c'est drôle quand ça doit être drôle, tendu quand ça doit être tendu, et c'est suffisamment communicatif pour que l'on ressente la même chose que les protagonistes à l'issue du récit. Toutefois, l'entreprise reste trop illustrative. On n'est pas dans de l'article Wikipédia filmé, mais l'ouvrage s'avère relativement succinct dans le traitement. En fait, on pense à des films comme Good Night, and Good Luck, ce qui n'est par ailleurs pas très étonnant quand on sait qu'Argo était jadis un projet de George Clooney, le réalisateur, qui se contente finalement de produire ici. On retrouve un peu le même genre d'exercice, cherchant à coller au plus près des faits, donc sans trop dramatiser les événements mais en proposant une interprétation stylée des événements, reproduction du filmage d'époque inclus (autrefois le N&B contrasté, aujourd'hui le granuleux brunâtre).

Il manque au film ce qui parvient à faire vivre des œuvres comme Munich de Steven Spielberg, ou même Walkyrie de Bryan Singer, au-delà du thriller d'espionnage : le quota humain. On sent qu'Affleck essaie d'étoffer son personnage, montrant le fardeau de l'agent condamné à l'ombre, qui ne peut même pas montrer ses mérites à son fils, mais l'effort paraît un peu superficiel dans l'ensemble, relégué à deux scènes seulement. A ce titre, on retiendra néanmoins une assez jolie fin. Par conséquent, le film est engageant comme un thriller se doit de l'être, mais n'implique pas suffisamment le spectateur au-delà. Quelques embryons d'idées qui sont intéressantes subsistent et pourraient permettre au film de raconter quelque chose en plus, comme l'introduction évoquant la destitution de Mossadegh par la CIA qui aurait donné un film plus intéressant si développée, ou bien le rôle d'Hollywood dans l'histoire, milieu montré comme décadent mais qui se rachète via l'opération, ce qui sonne comme une petite déclaration d'amour d'Affleck au cinéma. Argo propose un univers toujours aussi séduisant, avec son atmosphère à la Les Hommes du Président, et un contexte historique trop rarement traité au cinéma (et Affleck parvient à ne pas diaboliser l'Iran), une galerie d'acteurs géniaux (on parle de Bryan Cranston et Alan Arkin pour l'Oscar du meilleur second rôle mais la justice serait que ce soit Scoot McNairy, vu dans Monsters, qui soit nommé), et une vraie habileté à passer du rire au suspens. En l'état, c'est vraiment du bon travail, mais ça ne va malheureusement pas beaucoup plus loin.

par Robert Hospyan

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