Apprentice
Aiman officie dans une prison de haute sécurité. Rahim, le bourreau en chef, y accompagne les derniers jours des condamnés. Rapidement, il prend le jeune gardien sous son aile et lui apprend les ficelles du métier. Aiman s'avère être un exécutant très appliqué, mais sa conscience et ses véritables motivations le rattrapent peu à peu...
PRISON MENTALE
Du cinéma singapourien contemporain, on connait surtout l'excellent Eric Khoo, auteur de Be With Me, My Magic ou encore Tatsumi. Quid des nouvelles têtes ? Le jeune Boo Junfeng (32 ans) présente son second long métrage Apprentice au Festival de Cannes, dans la section Un Certain Regard où il fut, comme l'a affirmé Thierry Frémaux, l'un des premiers films sélectionnés cette année. Son sujet n'est pas spécialement malicieux: les tourments existentiels d'Aiman, un jeune homme qui va devenir l'apprenti bourreau d'une prison. Voilà un thème qui peut à la fois être risqué et spectaculaire (ou risqué parce que spectaculaire) - Boo Junfeng évite globalement les fautes de goût en restant assez minimaliste. Le temps est resserré, les péripéties relativement peu nombreuses, et cette retenue permet de se plonger plus exclusivement dans la tête du héros tourmenté.
Apprentice est minimaliste certes, mais Apprentice a de la ressource, notamment d'un point de vue narratif avec un arc qui enrichit la trame initiale. Cette nouvelle piste du scénario pose de questions supplémentaires sur la prédestination et le libre-arbitre, mais aussi sur un transfert paternel assez tordu. "Ici, on est humains !", confie décomplexé le bourreau en chef. Terrifiant et séduisant à la fois. Le travail sur les couleurs comme les atmosphères nocturnes, de nuit noire ou de petit matin, met en relief les questionnements d'Aiman dans ce film qui évite d'être pesant comme une porte de prison et qui avec succès laisse suffisamment de place à l'ambiguité.