Anything else, la vie et tout le reste

Anything else, la vie et tout le reste
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Anything else, la vie et tout le reste
Anything Else
États-Unis, 2003
De Woody Allen
Scénario : Woody Allen
Avec : Woody Allen, Jason Biggs, Stockard Channing, Danny DeVito, Christina Ricci
Durée : 1h36
Sortie : 29/10/2003
Note FilmDeCulte : ****--

Jerry Falk doit faire un choix. Amoureux d’Amanda, une jeune femme volage, il ne peut se résoudre à la quitter pour entamer une carrière à Hollywood. Il rencontre un vieux comique du nom de David Dobel, qui l’aide à faire le point sur sa vie professionnelle et sentimentale.

NOUVEAU MILLESIME

Chaque année, on guette le nouveau Woody Allen comme on attend le retour d’un proche parti vivre à l’étranger. On prend quelques nouvelles de lui pour vérifier que tout va bien, avant de le laisser s’envoler ailleurs. Ses dernières escales n’ont guère rassuré, la santé créative du cinéaste new-yorkais avait visiblement perdu de sa superbe. Woody a touché le fond avec le sinistre Hollywood Ending, péniblement étiré sur 1h30 avec une seule idée en rotation. Rassurons les fans: sans atteindre les sommets de l’une des plus belles filmographies du cinéma contemporain, La Vie et tout le reste se situe dans le haut du panier de la récente production d’Allen. Formellement, ce nouveau projet n’apporte rien à la gloire du réalisateur de Annie Hall. Malgré la belle photographie de Darius Khondji (Seven), le film ne se démarque pas d’une sitcom de luxe tendance Friends. Adieu les trouvailles visuelles de Zelig, le travail sur la photo d’Ombres et brouillard ou la perfection en noir et blanc de Manhattan. Avec le temps qui passe, Woody Allen a cessé de s’interroger sur le médium cinéma pour se concentrer uniquement sur le fond. Ses travaux en sont devenus moins essentiels.

LE LAUREAT

Sans l’air d’y toucher, il aborde pourtant des sujets précieux comme les concessions de la vie à deux, la paranoïa urbaine ou encore l’antisémitisme. La mécanique allenienne tourne par instant à plein régime, les répliques fusent, on retrouve avec bonheur la verve inimitable de l’auteur. En s’attribuant le rôle de David Dober, le comique chevronné qui apprend les ficelles du métier au jeune Jerry Falk (contraction de Jerry Lewis et Peter Falk?), Woody Allen transmet à Jason Biggs le sceptre du successeur officiel. Le gaffeur d’American Pie se révèle très convaincant dans un registre doux amer, à cent lieues du comique de maladresse qui a fait sa gloire auprès des teenagers. Tous les personnages souffrent dans La Vie et tout le reste. Jerry Falk a une petite amie qui le trompe effrontément, son agent ne peut supporter son prochain départ et David Dober est miné par de soudaines crises de folie et d'angoisse. Rempart contre les diverses désillusions de l’existence, l’humour lui-même est contaminé par l’étrange mélancolie d’une récréation qui se clôt par un faux happy end surprenant. Plus nostalgique que jamais, Woody Allen laisse le spectateur s’interroger sur le message du film et signe avec La Vie et tout le reste une comédie de mœurs faussement futile dédiée aux âmes en peine.

par Yannick Vély

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