Antiporno

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Antiporno
Japon, 2016
De Sono Sion
Scénario : Sono Sion
Durée : 1h16
Note FilmDeCulte : *****-
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Kyoko, star de la mode, s’ennuie dans son appartement. Alors qu’elle attend Watanabe, une rédactrice en chef chargée de l’interviewer, elle commence à dominer et humilier son assistante personnelle. Mais les rôles vont peu à peu s’inverser...

LE POUPÉE DE CHAIR

Quelques mois seulement après des Tag et des Love & Peace, deux des films les plus dingos vus sur les écrans l'an passé, dire que le nouveau Sono Sion est encore une fois une ode radicale au WTF tournerait presque à la routine. Mais c'est pourtant bel et bien le cas : Antiporno est fou et déroutant dès ses toutes premières secondes, avec ce plan inaugural et subreptice de bagnoles de flics (pourquoi ? Comment ? Hein?) enchaîné à une séquence dansée dans les loupiotes baveuses d'une guirlande de Noël. Le cinéma du bouillonnant Japonais n'est pas du genre charentaises et Antiporno le confirme.

A l'origine d'Antiporno, il y a une commande de la Nikkatsu suggérant à quelques cinéastes de se lancer dans des relectures du roman porno, parmi lesquels Sono Sion, Hideo Nakata ou encore Akihiko Shiota (Wet Woman in the Wind). Mais à l'image d'un Koji Wakamatsu (entre autres), le cinéma érotique nippon n'exclue pas la politique ni l'esthétique. Sono Sion l'a bien en tête, lui qui dans Tag parvenait à marier le spectacle potache et la fable féministe en un habile grand écart. C'est aussi la pirouette proposée par Antiporno qui débute les deux pieds dans le genre, avec sa délicieuse héroïne topless qui sort de sa couette avec sensualité... mais le film lui réserve bien des surprises – et à nous aussi.

Il faut une certaine folie mais aussi une sacrée dose de maîtrise et de talent pour rendre cohérent cet aquaplaning permanent. Film de voyeur et film féministe, mélancolique et surcoloré, théorique et diablement fun, Antiporno jongle avec dextérité et flamboyance. L'héroïne pourrait être une des poupées de Tag, mais le film rappelle également d'autres œuvres folles du cinéastes. On s'y recouvre de peinture en un geste punk comme dans Himizu, en un hurlement dont l'expression est multicolore. Ce jeu radical et minimaliste, cette obsession rouge passion rappellent également un plus ancien long métrage de Sono Sion, l'excellent I am Keiko réalisé il y a 20 ans. Ludique, passionnant, parfois épuisant, Antiporno est un excitant ride de cinéma et une vraie bombe plastique.

par Nicolas Bardot

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