Antigang

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Antigang
France, 2015
De Benjamin Rocher
Avec : Jean Reno
Durée : 1h30
Sortie : 19/08/2015
Note FilmDeCulte : ****--
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Serge Buren est un flic de légende, entouré d’une bande de jeunes flics aux méthodes peu conventionnelles. Qu’importe qu’ils utilisent des battes de baseball ou « oublient » le règlement au cours d’arrestations spectaculaires, les résultats sont au rendez-vous ! C’est alors qu’un groupe de braqueurs meurtriers entre en scène, dévalisant avec une facilité déconcertante banques et bijouteries de la capitale, à coup d’armes de guerre et de scénarios imparables. Face à tant d’ingéniosité et de brutalité, Buren et son unité se retrouvent confrontés à une situation délicate :leurs méthodes expéditives suffiront-elles à arrêter ces criminels autrement plus machiavéliques ?

PARIS C'EST PAS LES STATES, ON S'EN BAT LES STEAKS

Ne vous fiez pas aux affiches. Ou plutôt si. Fiez-y vous. Derrière (ou plutôt sous) les taglines-citations de Skyrock, il y a cette collection de trognes, et notamment celle d'Alban Lenoir, avec cette gueule cassée souriante qui invite au délire. Antigang, c'est exactement ça. On n'aurait pas forcément choisi l'adjectif "fun" pour parler de L'Arme fatale, quand même assez sombre, mais c'est sans aucun doute celui qui qualifie le mieux le film de Benjamin Rocher. Une réplique énonce clairement la démarche de l'équipe, celle du nouveau boss de la division, inévitablement un connard aux yeux des héros, qui déclare "On est pas aux États-Unis ici, on est France", dénonçant les méthodes peu orthodoxes de la brigade. Mais cette dernière réfute cette affirmation par ses actes. Et Rocher en fait de même. On n'est pas dans un polar français à papa ici. Plans tournés à l'hélico au-dessus de la ville, flares bien sentis, flics qui se balancent des règles et des dommages collatéraux vs. gang de braqueurs, en effet, on est pas loin du Bad Boys cité sur l'affiche. Le scénario est tout aussi simple et l'intérêt est ailleurs. Certes, on est ouvertement devant une tentative de faire "comme les américains" et c'est pourquoi les scénaristes ont rajouté une bonne dose d'humour dans ce remake d'un film anglais (sortie DTV en France) adapté d'une série TV méconnue chez nous, accouchant d'un résultat qui rappelle donc les buddy movies et autres comédies policières US des années 80, où ça blague pendant les heures de planque, où ça vanne juste avant un coup de poing, ça se charrie entre co-équipiers, etc. Et avec des références improbables qui vont d'Avatar aux boys bands R'N'B français des années 90.

Quand avaient débarqué les premières productions Europa, on pouvait saluer l'effort de Besson, seul à tenter un cinéma d'action français, avec punchlines et badasseries. Antigang, c'est un peu comme une production Europa, sans le côté putassier et avec le savoir-faire en plus. Et vraiment drôle. La camaraderie du groupe y est pour beaucoup dans le quota sympathie du film, dénué de prétention, et doit beaucoup à Alban Lenoir, décidément la révélation de cette année. En deux films, Un français et Antigang, l'acteur montre l'étendue de son jeu et suscite l'envie de le voir dans des films d'action et d'aventures à la Bébel. Les amateurs de cinéma de genre déplorent toujours l'absence de stars françaises physiques capables de jouer. Alban Lenoir est la réponse. À ses côtés, Jean Reno demeure bien exploité par le réalisateur, conscient de sa masse, de sa gueule, de sa voix. Rocher lui confère tout l'iconisme nécessaire. D'ailleurs, il y a une relative expertise dans le découpage, dans la mise en scène, pour rendre chaque moment impactant. Un double take ici, le son qui disparaît là, un plan qui dure pour un petit gag pas trop appuyé... L'iconisme se retrouve également dans l'utilisation du décor. Pour une fois qu'un film d'action français sait exploiter la ville de Paris, comme en témoigne le set-piece central à la BNF, parcouru de petites idées kinétiques (les panos durant la fusillade), c'est plutôt grisant. En trois films (La Horde, Goal of the Dead et Antigang), Rocher continue de revisiter les genres à sa sauce fun et stylisée, offrant à chaque fois un bon ride, petit mais sympa.

par Robert Hospyan

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