Année suivante (L’)
France, 2007
De Isabelle Czajka
Scénario : Isabelle Czajka
Avec : Ariane Ascaride, Patrick Catalifo, Anaïs Demoustier, Salim Kechiouche, Bernard Le Coq, Alexis Loret
Durée : 1h31
Sortie : 07/02/2007
Entre sa banlieue morose et ses instants passés au chevet de son père à l’hôpital, entre un lycée sans envie et sa relation difficile avec sa mère, Emmanuelle, 17 ans, se sent de plus en plus perdue dans le monde qui l’entoure.
UN MIEUX, UN REVE, UN CHEVAL
Léopard de la meilleure première œuvre au Festival de Locarno, L’Année suivante se distingue d’abord par son humilité, un enchaînement de scénettes en quelques notes anodines qui peignent le quotidien d’Emmanuelle, adolescente de 17 ans. Un quotidien encerclé par une banlieue sur laquelle Isabelle Czajka jette un regard particulièrement juste, où l’horizon est obstrué par les panneaux publicitaires, nuages cachés par Carrefour ou Saint Maclou, banc de l’arrêt de bus ou quai du RER, banlieue fantomas partagée entre appart en tas et maisons témoins, ce décor de grands ensembles dans lequel Emmanuelle s’évanouit peu à peu. Le portrait d’ado a mille occasions de sombrer dans les lieux communs mais se révèle parfaitement authentique dans son mutisme morose, son absence d'envie, sa colère rentrée, son miroir cassé, violent, d'idéal standard à mannequin culottes ou première de la classe à la Starac, et un rapport aux autres qui ne sent jamais la fiction mais l’évidence, crûe et débarrassée de bons sentiments. Il y a de l’élégance là-dedans, dans les souvenirs d’une gamine portée sur des épaules, comme en lévitation, lors d’une Fête de l’Huma dont les changements promis, placardés comme les slogans du Mammouth voisin, semblent figés dans un sable mouvant, ou dans ce plan d’Emmanuelle, allongée dans l’herbe, son orageux paysage banlieusard au second plan. L’issue dégage son anxieuse amertume, celle qui ressort de la vie merveilleuse chantée par Sparklehorse, là où l'on pourrait bien disparaître, au Mali ou sur un banc de centre commercial, sans que personne ne s'en aperçoive.