Annabelle

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Annabelle
États-Unis, 2014
De John R. Leonetti
Durée : 1h38
Sortie : 08/10/2014
Note FilmDeCulte : ------
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John Form est certain d'avoir déniché le cadeau de ses rêves pour sa femme Mia, qui attend un enfant. Il s'agit d'une poupée ancienne, très rare, habillée dans une robe de mariée d'un blanc immaculé. Mais Mia, d'abord ravie par son cadeau, va vite déchanter. Une nuit, les membres d'une secte satanique s'introduisent dans leur maison et agressent sauvagement le couple, paniqué. Et ils ne se contentent pas de faire couler le sang et de semer la terreur – ils donnent vie à une créature monstrueuse, pire encore que leurs sinistres méfaits, permettant aux âmes damnées de revenir sur Terre : Annabelle…

JOLIE POUPÉE, BOBO PAS PLEURER

Surprise: il y a une démarche artistique quasi-conceptuelle dans Annabelle, même si celle-ci est, bien sûr, inconsciente. C'est un spin-off censé ramener de l'argent (et d'ailleurs pourquoi pas : ça finance d'autres projets, ça fait tourner la machine, ça remplit les salles, ça paye les vacances et les opérations dentaires) et qui passe 1h40 à s'excuser de la qualité du film qui l'a inspiré. Conjuring, sorti il y a un an, a été un carton mondial, venant saluer un film d'horreur certes classique mais extrêmement efficace et intègre, bien mis en scène, bien écrit, bien joué. Une rareté dans l'horreur américaine mainstream car la large majorité des réussites US du genre sont revenues à un cinéma de contre-pouvoir: indé, à petit budget, des films de Ti West à ceux de Lucky McKee en passant par Richard Bates Jr.

Annabelle détricote frénétiquement tout ce que Conjuring a tricoté. La mise en scène sobre et précise de James Wan parvenait à installer la tension sans se limiter au jump scare ? Annabelle ne fait que ça. Effets sonores, orage qui claque - ça marche peut-être sur un jeune public mais il n'y a guère de cinéma ou d'horreur là-dedans : mettez les mêmes braoums, apparitions surprises et cordes stridentes dans Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ? et vous obtiendrez le même résultat sur le public. L'écriture s'échine à compiler toutes les facilités liées aux personnages débiles du genre. Dans Conjuring, lorsque Carolyn (Lili Taylor) est inquiétée par une présence dans sa cave: elle fait comme vous, elle n'y va pas. Évidemment, l'héroïne d'Annabelle, qui a le Mal aux trousses, ne trouve rien de mieux à faire qu'aller ranger des cartons seule la nuit dans son sous-sol pendant la tempête. Oui, on en est là. Après avoir offert un rôle fort à Vera Farmiga, Annabelle regagne ses pénates: l'homme est la raison, la femme est irrationnelle. Comment mettre en scène une poupée démoniaque dans tout cela ? On ne le fait pas. Annabelle n'est pas un film de poupée, c'est un film avec des psychopathes et diablotins qui courent dans un appart ou dans les marches, en enjambant la poupée qui traine par terre, en se cachant derrière elle quand on la pose dans un siège. Et c'est tout.

L'apparition d'Alfre Woodard est la cerise sur la gâteau. Woodard est une bonne actrice, nommée aux Oscars dans les années 80 et globalement sous-employée depuis. Ici, elle joue une caricature assez hilarante de femme noire sage et mystique. C'est déjà tragi-comique, c'est encore pire lorsqu'elle doit faire face à l'actrice principale, nullissime et inexpressive à crever même quand elle est elle-même au bord du suicide ; Woodard donc est contrainte à jouer son rôle de carnaval face à un mannequin égaré sur un plateau (comme son partenaire masculin qui, avec son physique plus lisse que lisse, ne peut être crédible dans quasiment aucun emploi). Le pire étant atteint lorsque le personnage de Woodard est considéré exactement comme l'esclave noir tombant d'une falaise dans un film d'aventures d'il y a 50 ans.

Mais why so serious ? Lors de la projection de presse d'Annabelle, une chambre d'enfant a été reconstituée dans le cinéma, on pouvait prendre des photo avec la poupée, des masques étaient distribués, une actrice errait dans la salle comme un fantôme. Pourquoi ne pas, simplement, se dire qu'on est dans une fête foraine, dans un manège inconséquent, comme lors des projections ludiques des films de William Castle ? Parce que le résultat ici est trop bête et cynique, aussi cynique que ces dernières répliques: "Je vous encaisse ? Oui madame".

par Nicolas Bardot

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