Anglaise et le Duc (L’)
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France, 2001
De Eric Rohmer
Avec : Léonard Cobiant, Jean-Claude Dreyfus, Lucy Russel
Durée : 2h05
Sortie : 07/09/2001
Que sont nos auteurs devenus ? Il est triste de voir le cinéaste le plus constant du cinéma français réaliser son plus mauvais film l'année où d'autres accouchent de leur chef d'oeuvre (Téchiné avec Loin, Chabrol avec Merci pour le chocolat, Godard avec Eloge de l'amour...). Il est triste de voir un cinéaste reconnu se révéler incapable de mener à bien un projet qui manifestement le dépasse. L'Anglaise et le duc est très loin de la réussite des réjouissants Contes des quatre saisons et encore plus loin de la drôlerie inoffensive de L'arbre, le maire et la médiathèque. Le challenge, qui consistait à incruster des acteurs réels dans des tableaux représentant le Paris du 18ème siècle, a fait couler pas mal d'encre et donner beaucoup de travail à ceux qui s'acharnent depuis deux ans à monter ce film. Mais tout le talent d'historien et de conteur de Rohmer (et Dieu sait que ce talent existe, y compris dans ce film) ne peut rien face à un manque d'argent et de technique flagrant
Le principe d'incruster les acteurs est à la base aussi bon qu'un autre, mais les tableaux vaguement réalistes ne retrouvent que rarement l'essence véritable du Paris de l'époque. Et leur approximation empêche absolument toute identification aux personnages qui ne sont donc rien d'autre que des acteurs jouant devant un fond peint. Les scènes d'intérieur, plus nombreuses, ne rachètent pas l'ensemble, notamment en raison de leur côté statique. Pour palier le problème de la profondeur et des angles de prise de vue, Rohmer a en effet décidé de réaliser le tout en plans fixes, filmant donc des dialogues sans le moindre montage. Il n'y a dont jamais de contre-champ, et le champ étant déjà bien mal dépeint... Pour résumer, on peut reprocher à L'Anglaise et le duc ce que les anti-Rohmer lui reprochent bien souvent à tort : de faire du théâtre filmé. Cette fois ci, ils auront raison.
