Amours d'Astrée et de Céladon (Les)
France, 2007
De Eric Rohmer
Scénario : Eric Rohmer
Avec : Cécile Cassel, Andy Gillet
Durée : 1h49
Sortie : 05/09/2007
Dans une forêt merveilleurse, au temps des druides, le berger Céladon et la bergère Astrée s'aiment d'amour pur. Trompée par un prétendant, Astrée congédie Céladon qui, de désespoir, se jette dans une rivière. Elle le croit mort, mais il est secrètement sauvé par des nymphes.
LA TROUPE DE THÉÂTRE DU LYCÉE VOUS PRÉSENTE CETTE ANNÉE…
Art du dépouillement, du dévoilement scrupuleux des bricolages élémentaires qui font tenir ensemble les pièces d'un film, le cinéma d'Éric Rohmer souvent fascine par la précision presque forcée de son écriture et de sa mise en scène, dont les verrouillages explicites et rigoureux occasionnent, à leur meilleur, un décalage esthétique tel qu'il tend à l'étrangeté. Des modèles de rigueur du passé, il ne semble hélas pas rester grand chose dans Les Amours d'Astrée et de Céladon. Pourtant, telles ses nymphes laissant émerger la pointe de leurs seins de leurs chemisiers trop bâillants, le film ne fait pas davantage mystère qu'à l'accoutumée de ses rouages – voyez le déroulant d'ouverture. Ceux-ci se veulent primitifs, sinon straubiens (les premières séquences, entre frondaisons assez élégamment photographiées par Diane Baratier, et costumes d'époque raidis d'anachronisme, renvoient un instant – un instant seulement – à De la nuée à la résistance), insistant sur les choix de coupe, l'application scolaire des variations d'échelle de plans, les cadres sagement tirés d'où rien ne déborde… Mais le procédé trouve vite ses limites: rien n'y palpite, étouffé sous l'intention d'épure.
La pureté visée vire alors à l'embarras, puis franchement au grotesque. Personnages creux (l'un est tarte, l'autre est cruche: ils s'aiment), sous-jeu des uns versus sur-jeu des autres (la palme du ridicule revenant à Rodolphe Pauly, insupportable dans son rôle de libertin bouffon), découpage à la limite de l'amateurisme (il faut voir le pathétique champ/contre-champ qui accompagne la promenade des nymphes sous les arcades, ou l'abus de fondus enchaînés grossiers), ficelles de narration boulevardières (incroyable dernier acte, d'un vaudeville coquin évoquant la bibliothèque rose) et pilules impossibles à avaler sans glousser (où l'on apprend qu'une pomme d'Adam – entre autres – ne trahit pas un homme déguisé en femme). A ce stade, l'on en vient à se demander à quel degré tout ceci est à lire. Marchant d'un pas assuré vers une forme quasi-nanardesque, le film avait-il pour intention de confiner à l'auto-parodie? Il est vrai qu'un Monty Python pourrait presque retrouver ses petits, parmi ces breloques de pacotille et ces cabotinages de lycéen émoustillé. Si tel était le cas, le stratagème est malheureusement tombé à l'eau.