L'Amour et rien d'autre

L'Amour et rien d'autre
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Amour et rien d'autre (L')
Über uns das All
Allemagne, 2012
De Jan Schomburg
Scénario : Jan Schomburg
Avec : Georg Friedrich, Sandra Hüller
Photo : Marc Comes
Musique : Tobias Wagner
Durée : 1h28
Sortie : 18/04/2012
Note FilmDeCulte : ****--
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Est-il possible que quelqu’un vous manque si fort qu’on puisse le retrouver dans un autre ? Martha est une jeune femme épanouie et heureuse en amour. Lorsque son mari Paul disparait soudainement, elle découvre qu’elle ne connaissait rien de lui. Alors qu’elle tente de faire face, elle rencontre Alexander, qui tombe amoureux d’elle. Un geste suffit pour que Martha projette l’image de Paul sur ce nouvel homme... Alexander pourra-t-il combler le vide laissé par Paul ? A quoi peut ressembler une nouvelle histoire d’amour après la fin soudaine du grand amour ?...

J’AI DEUX AMOURS

On retrouve dans L’Amour et rien d’autre ce qui fait toute la qualité de la nouvelle vague allemande, à savoir un équilibre excitant entre réalisme inflexible et inquiétante étrangeté. L’histoire de Martha est presque banale (une séparation suivie d’une nouvelle rencontre) et pouvait se prêter à tous les traitements, aux pistes les plus mystérieuses. Jan Schomburg ne privilégie aucune direction : sans jamais céder au fantastique, l’étrangeté se laisse pourtant deviner (dans des coups de fil sans interlocuteurs, une fillette apparaissant comme par magie…), toujours contrebalancée par des scènes beaucoup plus tangibles. De manière « typiquement allemande », serait-on tenté de raccourcir, le scénario impose un hyperréalisme paradoxalement tout sauf prévisible : dans des scènes au fort potentiel dramatique, la trivialité et la vraisemblance des réactions (ou de leur absence) prend littéralement de court et crée un étrange et paradoxal sentiment d’imprévisibilité. Certaines séquences à priori-anodines (une visite à la morgue) deviennent parmi les plus marquantes du film.

Cet entre-deux est également par moment la limite-même du long métrage, qui manque peut-être d’espace où laisser libre court à son imagination. Ce qui tire L’Amour et rien d’autre vers le haut, ce sont ces acteurs : Georg Friedrich (dont c’est déjà le troisième film sur nos écrans cet année, après Nouveau souffle et le fort curieux A l’âge d’Ellen), et surtout Sandra Hüller. Révélée il y a cinq ans par Requiem et pour lequel elle avait glané des prix d’interprétation un peu partout, elle porte à nouveau le film sur ses épaule, sans pour autant se livrer à un grand show de tragédienne à la actor’s studio. Tous deux ont une manière de rendre leurs personnages particulièrement vivants en misant sur une économie de jeu assez stimulante. En assurant ainsi presque à eux seuls les variations de registres du film, ils lui donnent la respiration nécessaire pour le démarquer de ses compatriotes.

par Gregory Coutaut

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