Alleluia
Belgique, 2014
De Fabrice du Welz
Scénario : Fabrice du Welz
Avec : Lola Duenas, Laurent Lucas
Durée : 1h35
Sortie : 26/11/2014
Manipulée par un mari amoureux et jaloux, Gloria s’est sauvée avec sa fille et a refait sa vie loin des hommes et du monde. Poussée par son amie Madeleine, Gloria accepte de rencontrer Michel via un site de rencontre. La première fois qu’ils se voient, il se passe quelque chose. Michel, le petit escroc bas de gamme, est troublé et Gloria tombe éperdument amoureuse. Par peur, Michel se sauve mais Gloria va le retrouver et lui faire promettre de ne plus jamais la quitter. Prête à tout pour sauvegarder cet amour, elle abandonne sa fille et se fera passer pour la sœur de Michel afin que celui-ci puisse continuer ses petites arnaques. Mais la jalousie gangrène peu à peu Gloria ...
LA SALSA DU DEMON
Dans son furieux Calvaire ou dans le mésestimé Vinyan, le Belge Fabrice du Welz conçoit l'horreur comme une plongée sans parachute vers la folie. Qu'il s'agisse d'un quotidien à la Strip-Tease qui déraille (Calvaire) ou de l'extraordinaire qui s'invite dans le quotidien (le tsunami de Vinyan), la folie guette et finit par exploser. Alleluia délaisse cette mécanique de cocotte-minute: on y est fou beaucoup plus tôt que d'habitude. Gloria (Lola Duenas on fire) trouve en Michel (Laurent Lucas immédiatement inquiétant) l'homme qu'elle attendait, peu importe si tous les signaux semblent au rouge. En un basculement figuré par la belle lumière signée Manuel Dacosse (comparse du duo Hélène Cattet/Bruno Forzani), Gloria est à lui, avant qu'il ne devienne à elle dans ce petit jeu de dominé et de dominant.
Ludique, Alleluia s'assume plus directement comme une farce, qui vocifère et qui tache. Fabrice du Welz n'a pas peur de grand chose y compris du ridicule, et jongle avec les tons telle une patineuse enchainant les triples boucles: en un plan, polar, musical et horreur gore peuvent se rencontrer. Le vacillement de la raison tourne au grand-guignol lorsqu'une partie de Twister est vue comme l'apparition d'un horrible Human Centipede. Alleluia va vite, est assez simple, et a parfois, avouons-le, la main lourde avec certains dialogues explicatifs ou lors d'un rebondissement interdit (où la traditionnelle boite à fou des films d'horreur - qui permet de découvrir à quel point le fou est fou - trouve ici un équivalent avec un cahier à fou). Mais son énergie zinzin fait plaisir à voir dans ce petit film secoué où deux amoureux tripent comme deux diables autour des flammes de l'enfer. Son épilogue (dans le générique, et loupé par une bonne partie des spectateurs cannois qui se pressent immédiatement vers la séance suivante) apporte, lui, une touche de mystère bienvenue en même temps qu'une ellipse romanesque qu'on n'avait pas vue venir.