Festival de Gerardmer : Alien crystal palace
France, 2018
De Arielle Dombasle
Scénario : Florian Bernas, Arielle Dombasle, Jacques Fieschi, Nicolas Ker
Avec : Asia Argento, Arielle Dombasle, Michel Fau, Nicolas Ker, Jean-Pierre Léaud
Photo : Elie Girard
Musique : Nicolas Ker
Durée : 1h37
Sortie : 23/01/2019
Selon le mythe platonicien relaté par Aristophane dans Le Banquet, les humains auraient été, à l’origine, des êtres complets qui se virent coupés en deux et furent condamnés à errer inlassablement à la recherche de leur part manquante. Un savant prédicateur, manipulateur d’âmes imprégné d’ésotérisme, cherche à recréer le couple idéal, « l’androgyne », un homme et une femme qui ne formeraient plus qu’un : l’amour parfait. Il semble avoir repéré les nouveaux sujets de son expérience : Dolorès Rivers, cinéaste underground, et son miroir inversé, Nicolas Atlante, chanteur de rock fou et vénéneux. Mais le diable va s’en mêler…
DELIRIUM TREMENS
Sur le papier, le pitch du film n’est pas plus con que nombres de séries B. Et ça serait faire acte de perfidie que de condamner Alien crystal palace sur ce simple point de départ. Mais bon, on a beau être animé des meilleures intentions du monde, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… Puisqu’en effet, il faut quand même moins d’une minute au film pour devenir cette agression rétinale et auditive qui ne nous lâchera quasiment jamais 97 minutes durant. A ce niveau-là, on appelle ça une performance. Véritable élucubration iconoclaste et totalement inclassable orchestrée par une auteure en pleine divagation ésotérique (ou complètement secouée c’est selon) qui s’est juste offert un caprice, ce film (ou plutôt ce délire kitch et toc) est une expérience aussi douloureuse qu’hypnotique. Car oui, malgré les souffrances infligées par cette nouvelle œuvre de la chanteuse/actrice/réalisatrice, il y a quelque chose de tellement “à part“ qu’on prend malgré tout un certain plaisir malsain à s’infliger ce truc jusqu’à la fin. Entre son exécution catastrophique, son interprétation en totale roue libre comme s’il n’y avait eu aucune direction d’acteurs (Nicolas Ker, complètement à la ramasse, nous offre une imitation de Gainsbourg pathétique, Asia Argento semble ne pas comprendre comment elle a pu atterrir là-dedans, Jean-Pierre Léaud semble en pleine descente d’acides et Michel Fau qui joue toujours aussi… faux), une direction artistique quasi absente (les décors construits sont tellement cheap qu’on pourrait croire que la production a choisi d’aller dépoussiérer ceux du Gwendoline de Just Jaeckin histoire de ne pas perdre trop d’argent dans cette aventure promise au massacre) et une Dombasle qui ne perd pas une occasion de se désaper pour mieux afficher sa plastique alors qu’on ne lui à rien demandé, l’ensemble ressemble à un extravagance irrécupérable que certains cinéphiles déviants se feront un plaisir de diffuser à chaque fois qu’ils auront envie de punir un ami. Presqu’un exercice de style au final…