Alien Vs. Predator

Alien Vs. Predator
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Alien Vs. Predator
États-Unis, 2004
De Paul W.S. Anderson
Scénario : Paul W.S. Anderson, Ronald Shusett
Avec : Raoul Bova, Ewen Bremner, Agathe De La Boulaye, Lance Henriksen, Sanaa Lathan, Colin Salmon
Durée : 1h40
Sortie : 27/10/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Lorsqu’une onde de chaleur inhabituelle attire l’attention sur un endroit isolé de l’Antarctique, révélant la présence d’une pyramide, le millionnaire Charles Weyland lance une expédition. Les explorateurs se retrouveront alors au milieu d’une guerre entre Predators et Aliens.

IL EST DES NOTRES, C’EST UN GEEK COMME LES AUTRES

Depuis la présence subtile d’un crâne Alien dans le vaisseau Predator à la fin du calamiteux Predator 2 de Stephen Hopkins (1990), l’ambition de faire un crossover s’était faite pressante. Avec le succès de Freddy contre Jason, le développement du projet s’est vu accéléré et le redoutable Paul Anderson fut engagé afin d’unir ces deux franchises pour le meilleur et pour le pire. Cependant, alors que l’entreprise pourrait aisément paraître vulgairement vénale, le film témoigne d’une grande sincérité à travers l’amour évident que porte Anderson aux sagas originales. Tout le long du métrage, on ressent à chaque instant sa volonté de nous donner ce que lui-même, geek parmi les geeks, aimerait voir à l’écran. Anderson est l’un des nôtres. Il a réalisé deux adaptations de jeux vidéos (le coupablement sympathique Mortal Kombat et le raté Resident Evil) et œuvré auparavant dans le registre de la science-fiction (l’angoissant Event Horizon et le catastrophique Soldier) et bien qu’il soit plus ou moins rangé dans le catalogue des tâcherons, il fait des efforts. Alien Vs. Predator est donc un film visuellement très soigné. On est loin de la platitude son précédent opus. Malheureusement, Anderson s’avère définitivement plus doué pour orchestrer de jolis plans (la découverte de la pyramide par la fusée luminescente, celle du vaisseau extra-terrestre, un Alien rugissant dominant sa proie vaincue) que pour mettre en scène l’action (par moments surdécoupée et confuse). Néanmoins, il truffe son œuvre d’idées visuelles bienvenues (comme l’utilisation de l’invisibilité des Predators, notamment leurs armes lors de leur première attaque) et surtout, il remporte haut la main le défi de la première rencontre entre les deux figures mythiques dans un plan jouissif, au même titre que beaucoup d’autres séquences. Autant de cadeaux aux fans du genre et de la saga.

LES PREDATORS SONT NOS AMIS, IL FAUT LES AIMER AUSSI

L’auteur se permet ainsi d’étoffer la mythologie des Predators, véritables stars du film, par l’intermédiaire de nombreuses trouvailles scénaristiques. Charismatiques à souhait, les chasseurs bénéficient donc d’un statut privilégié par rapport à leurs rivaux, qui semblent tout d’abord relégués au second plan, tel un simple ennemi pullulant, mais ne sont pas totalement en reste. Les Aliens possèdent ici une qualité féline dans leurs mouvements qu’ils n’avaient pas auparavant (les effets spéciaux sont splendides) et leur Reine apparaît ici telle qu’on ne l’avait jamais vue. Moins imposante de respect que chez James Cameron, mais plus immédiatement terrifiante, l’avancée technologique aidant. Certains partis pris, déjà présents dans les bandes dessinées, refroidiront peut-être certains mais un simple saut de foi cinéphilique permet leur acceptation. Et le spectacle n’en est que plus réjouissant. Paul Anderson ne se rangera pas aux côtés des auteurs qui l’ont précédé, mais il n’en a pas la prétention. Il dépasse allègrement Stephen Hopkins et livre une série B pas honteuse du tout malgré quelques maladresses, dans les dialogues ("L’ennemi de mon ennemi est mon ami") ou la forme (un ralenti à chaque saut des Facehuggers, les créatures surgissant des œufs, caractérisés justement par leur rapidité). En attendant le DVD Director’s Cut, classé R (le studio ayant coupé "toutes les meilleures scènes" dixit Anderson, afin de le classer PG-13), le face-à-face du siècle se joue en salles.

par Robert Hospyan

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