Aladdin

Aladdin
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Aladdin
États-Unis, 2019
De Guy Ritchie
Scénario : John August, Guy Ritchie
Avec : Will Smith
Photo : Alan Stewart
Musique : Alan Menken
Durée : 2h08
Sortie : 22/05/2019
Note FilmDeCulte : **----
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Quand un charmant garçon des rues du nom d’Aladdin cherche à conquérir le cœur de la belle, énigmatique et fougueuse princesse Jasmine, il fait appel au tout puissant Génie, le seul qui puisse lui permettre de réaliser trois vœux, dont celui de devenir le prince Ali pour mieux accéder au palais…

À LA RUE

Avec ses Sherlock Holmes auxquels il insufflait une vibe gypsy, Guy Ritchie avait non seulement su rebondir après quelques essais ratés mais surtout, il avait su apporter sa patte et son univers "de la rue" à de grosses machines hollywoodiennes. Même dans ses blockbusters les moins aboutis, le cinéaste était indéniablement présent. Le décalage d'Agents très spéciaux, plus intéressé par le parfum de l'époque que par les rouages du genre, la furie du Roi Arthur, alliant la fantasy à la street dans un esprit bravache où le principe égalitaire de la Table Ronde vient directement des origines modestes du personnage revisité. Point de subversion dans Aladdin, ouvrage incompréhensiblement anonyme, avec sa photographie aussi plate et lisse que ses acteurs et une mise en scène dénuée d'inspiration, exception faite de deux numéros musicaux dont un est presque entièrement composé d'images de synthèse. Au premier abord, on peut deviner l'attrait du metteur en scène pour ce protagoniste de "voleur, vaurien" qui marche pied nus dans les rues et vole à l'étalage mais jamais la personnalité de l'auteur ne transpire dans ce remake inutile d'un classique Disney.

Bien que personne de sensé n'ait jamais estimé nécessaire d'adapter le dessin-animé, l'original est de ces films dont on se dit qu'il suffirait de transposer le scénario (voire la mise en scène) tel quel pour qu'il suffise à donner un film en prises de vue réelles tout aussi réussi. Inévitablement, cette nouvelle version ne le fait pas. En effet, l'écriture se précipite - alors que le film dure 38m minutes de plus, allez comprendre - au point d'être désincarnée et réussit à être plus didactique que son modèle, comme si les enfants de 2019 étaient moins dégourdis que ceux de 1992. Pire, il troque l'inventivité visuelle de certains moments pour des choix d'un générique achevé. Rajah transformé en tigreau miaulant? Disparu. Jasmine emprisonnée dans un sablier? Pourquoi ne pas la faire léviter dans les airs avec une sorte de brume en CGI autour d'elle plutôt? Sidérant.

Tour à tour, les décisions les plus incompréhensibles se succèdent. Sélectionné pour tenir le rôle de Jafar, Marwan Kenzari est un miscast absolu. Non pas parce qu'il est jeune et plutôt beau gosse mais parce qu'il livre une prestation si catastrophique qu'on en vient à se demander s'il ne serait pas miscast où que ce soit. En Aladdin, Mena Massoud est passable et Naomi Scott s'en sort mieux en Jasmine mais quand Will Smith arrive, on se rappelle soudain ce qu'est le charisme. Il est le seul à dégager quelque chose. Il n'arrive évidemment pas à la cheville du Génie original, même si sa version bleue en performance capture parfois pas toujours convaincante finit par aller. D'ailleurs, la meilleure séquence du film reste la chanson "Je suis ton meilleur ami". Soudain, l'équipe des SFX prend le relai et d'un coup, il y a une lumière travaillée, des idées... Il y a aussi ce plan-séquence lors de la nouvelle chanson écrite pour Jasmine, pas mauvaise mais qui jure tonalement avec les autres. Une brève séquence de danse laisse également entrevoir ce qu'une update d'inspiration plus bollywoodienne aurait pu apporter comme fraîcheur et originalité. Le reste du temps, Aladdin est un incroyable affadissement de son modèle mais même sans jouer au jeu des comparaisons, le film demeure moche et pauvre.

par Robert Hospyan

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