After Earth
États-Unis, 2013
De M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan, Gary Whitta
Avec : Jaden Smith, Will Smith
Photo : Peter Suschitzky
Musique : James Newton Howard
Durée : 1h40
Sortie : 05/06/2013
Après un atterrissage forcé, Kitai Raige et son père, Cypher, se retrouvent sur Terre, mille ans après que l’humanité a été obligée d’évacuer la planète, chassée par des événements cataclysmiques. Cypher est grièvement blessé, et Kitai s’engage dans un périple à haut risque pour signaler leur présence et demander de l’aide. Il va explorer des lieux inconnus, affronter les espèces animales qui ont évolué et dominent à présent la planète, et combattre une créature extraterrestre redoutable qui s’est échappée au moment du crash. Pour avoir une chance de rentrer chez eux, père et fils vont devoir apprendre à œuvrer ensemble et à se faire confiance…
TERRE : CHAMP DE BATAILLE
Si les haters ont déjà décidé d'enterrer à nouveau le dernier opus en date de M. Night Shyamalan, on ne saurait le condamner aussi allègrement. Les mauvais échos ont certes désamorcé toute déception possible mais force est de constater qu'After Earth reste incapable de nous surprendre. La faute à un récit relativement balisé qui laisse un peu en friche son postulat de départ, tant dans le concept narratif (un survival SF) que dans la dramaturgie (le rapport père-fils). Après son premier blockbuster, le pas très glorieux Dernier maître de l'air, Shyamalan apparaît encore plus effacé ici. Formellement, on aurait bien envie de dire que c'est le numérique ou la photo de Peter Suschitzky (habitué de David Cronenberg) qui ne parviennent jamais à donner le poids nécessaire aux images mais c'est bien la mise en scène qui est en tort. Passé le premier acte, où l'on retrouve par moments dans les choix de cadrages la patte du cinéaste (le dîner tendu sans champ-contrechamp, le "transfert quantique" du vaisseau focalisé sur Will Smith), elle se fait relativement fonctionnelle. Les grands espaces ne réussissent décidément pas au cinéaste. Toutefois, difficile de blâmer Shyamalan le réalisateur tant il n'est pas aidé par Shyamalan le scénariste. La co-écriture aurait pu s'avérer salutaire pour l'auteur mais en dépit des multiples scénaristes passés sur le projet, on retrouve ce même sous-développement thématique qui plombe le cinéma de Shyamalan depuis Phénomènes. La relation père-fils aurait dû composer le cœur de l'ouvrage mais le traitement reste assez superficiel, de la caractérisation trop archétypale mal servie par les comédiens (papa fait la gueule, fiston pleurniche) à l'exposition du trauma (via flashbacks stéréotypés) en passant par les nœuds dramatiques (une rapide engueulade cliché en guise de seule confrontation).
Tout cela est bien dommage parce que le pitch est plutôt malin et que le film n'est pas dénué d'idées : le père bloqué qui assiste le fils offre de bons enjeux et tout ce propos autour de la peur comme illusion qui nous paralyse est plutôt intéressant. Comme certains ont tôt fait de le remarquer, peut-être que cela parle aux tendances scientologues de Will Smith - responsable de l'histoire originale et producteur - mais ce fond s'inscrit surtout dans la continuité de la filmographie de l'auteur, notamment Sixième sens, Signes et Le Village. Malgré ce traitement trop léger, le film est loin d'être déplaisant. Outre le professionnalisme général, l'univers propose divers petits détails originaux, qu'il s'agisse de créatures (l'Ursa, capable de sentir la peur) ou d'accessoires (le costume et ses couleurs, le sabre multi-lames, etc.). En fin de compte, After Earth s'apparente davantage à une adaptation d'un roman d'aventures pour "young adult" qu'à une œuvre venant de l'auteur de films aux rapports filiaux aussi émouvants que Sixième sens et Incassable.